Par Alexandra Poirier, psychoéducatrice
Aujourd’hui, 26 janvier…c’est la journée Bell Cause pour la cause. Ma clientèle étant principalement des familles, je voulais mettre en lumière un sujet très important et dont on parle peu : la santé mentale des parents.
Dépression post-partum, burn out parental, anxiété liée à la parentalité de performance…peu importe la difficulté, la santé mentale des parents demeure un sujet très tabou, malgré tous les efforts mis en place dans la promotion et la prévention. Le manque de soutien dans la communauté et la difficulté de prise en charge, ajoute selon moi, un facteur de risque supplémentaire pour les parents souffrants. Puisque les troubles de santé mentale sont invisibles aux yeux de l’entourage, les personnes qui en souffrent peuvent avoir l’impression de ne pas être comprises ou d’être faibles. Visiblement, vous semblez en bonne santé. Aucune prise de sang ou scanneur ne peuvent démontrer un dysfonctionnement de votre organisme – certaines personnes croient donc que votre état n’est pas légitime sur le plan médical. Mais c’est faux!
Beaucoup de pression est mise sur les épaules des parents de notre génération. Il faut être à jour sur les connaissances en lien avec le développement de l’enfant – mais pas n’importe quelle approche! Être des parents écoresponsables – pas question d’utiliser des couches jetables. Stimuler notre enfant – mais pas trop! Vous voyez le genre? Injonctions de la société, mais aussi celles de l’ère du numérique et des réseaux sociaux ; être parent, c’est glamour…c’est beau, c’est fresh! Mais, la réalité n’est pas toujours rose. Elle est parsemée tantôt d’embuches, tantôt de crises et de colère. C’est normal? Oui! Mais, ce n’est pas parce que c’est normatif que nous ne devons pas y prêter attention.
L’arrivée de bébé
Lorsque nous devenons parents, toute la lumière est tournée vers le nouveau-né.
« Est-ce qu’il boit bien et dort suffisamment? ».
Prenons-nous vraiment le temps de prendre soin de la mère qui vient de donner naissance? Prenons-nous réellement le temps d’accueillir le père dans l’expression de ses sentiments en lien avec le rôle qu’il doit maintenant assumer?
Devenir parent est tout un bouleversement, et ce, autant pour la femme que pour l’homme. Ce sont des remises en question constantes, un changement dans le désir et la sexualité du couple, le manque (cruel) de sommeil, la charge de tous les détails de la routine…et j’en passe!
Souffrir d’un trouble de santé mentale lorsque nous sommes parents est un couteau à double tranchant. Non seulement il est laborieux de se montrer vulnérable à travers la souffrance, mais mettre en lumière que l’élément déclencheur est associé à la vie familiale peut être extrêmement difficile. On en vient à porter un masque, à faire semblant – à entrer dans le moule.
Ce que j’entends :
« Tu as voulu avoir des enfants – pourquoi tu te plains? ».
« Tu t’attendais à quoi en devenant parent? Moi, c’était bien pire et j’ai assumé ».
Ce que je peux me dire :
« J’ai envie de tout sacrer là…partir et laisser mes enfants. Je suis une mauvaise personne ».
« Avoir su que c’était ça devenir parent…je crois que je n’aurais pas eu d’enfant ».
Prendre soin de soi
Avoir des regrets, se montrer vulnérable, demander de l’aide, nommer nos difficultés. Il ne s’agit pas de faiblesses, c’est humain…c’est savoir être à l’écoute de soi-même. La souffrance psychologique et les pensées négatives sont les symptômes qui indiquent que quelque chose ne va pas bien, que nous n’allons pas bien. Le corps agit comme un système d’alarme – il met le corps sur pause pour reprendre son énergie vitale. Il force l’arrêt de tout, comme un shutdown…nous obligeant ainsi à (enfin) prendre soin de nous. Il peut être difficile de concevoir cela, mais cette difficulté doit être considérée comme une opportunité de modifier ce qui vous a plongé dans cet état d’impuissance.
- Si ce n’est pas déjà fait, demandez de l’aide, car seul (e) – le chemin peut être long. Parlez de votre situation à votre médecin.
- Comprenez que vous êtes totalement légitime dans votre souffrance – acceptez votre état, car il est temporaire. N’utilisez pas votre énergie à combattre et résister, votre organisme n’a pas cette force.
- Comprenez que nous ne pouvons pas tout contrôler. Comprenez que cette volonté de tout gérer mène à un état d’hypervigilance et d’épuisement. DÉLÉGUEz! C’est ainsi que vous serez en mesure de reprendre des forces.
- Ajustez vos attentes à votre réalité, à votre contexte. Faites le tri entre ce qui est obligatoire ou optionnel. Les enfants sont malades et vous n’avez pas dormi de la nuit? Prenez en compte cet aspect et diminuez vos exigences. Accordez-vous du repos…le lavage peut bien attendre!
- Acceptez de ne rien faire. Vous avez le droit! Autorisez-vous à dormir si vous en ressentez le besoin, sans vous accabler d’un sentiment de culpabilité…qui n’aura comme impact que de minimiser les bienfaits de votre sieste.
- Changez vos habitudes de vie, ralentissez, prenez le temps de relaxer…réellement! Ajoutez des temps précis à l’horaire pour vous permettre ces doux moments.
- Acceptez de faire des petites choses qui semblent inutiles, mais qui font du bien! Prenez un bain, écoutez une série, dessinez, écrivez, lisez un livre si votre capacité d’attention vous le permet.
- Ajoutez à votre horaire des activités plaisantes – pour augmenter la sécrétion d’endorphine…l’hormone du bonheur!
Ce ne sont que quelques petits conseils à mettre en pratique…mais souvenez-vous de l’essentiel : votre enfant n’a pas besoin d’un parent parfait, mais d’un parent heureux qui fait de son mieux!
Pour rejoindre Alexandra Poirier, psychoéducatrice et consulter son site, c’est ici!
- Prévention du suicide 1-866-APPELLE (1-866-277-3553)
- Tel-Aide 514-935-1101
- Écoute Entraide 1-855-365-4464
- Ligne parents 1 800 361-5085
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