Témoignage anonyme d’une lectrice
Ça ne sera pas un texte avec des arcs-en-ciel ni des messages d’espoir ou encore des illusions ou des phrases léchées et polies à la Instagram.
Le confinement, c’est dur. Le confinement me ramène tous les jours à moi-même. Ce que je suis, sans artifices, sans maquillage. Comme les 50 derniers jours où je m’habille en mou et où je ne me maquille plus, ce que je suis n’est plus caché derrière des conventions sociales. Il y a juste moi. Moi et ma fille dans un monde physique. Moi et mes proches dans un monde virtuel.
J’ai toujours été une personne hypersensible. Envahie par ses émotions, tellement envahie, à ne plus savoir quoi en faire. Dépression, anxiété, crises de panique, troubles du comportement alimentaire, tout ça a déjà fait partie de mon quotidien.
Avant le confinement, j’étais très stable, beaucoup mieux. J’avais un équilibre précaire, mais je traversais la vie avec une confiance que j’ai rarement eu auparavant. Une semaine. Une semaine de confinement et tout a foutu le camp.
Au début, confiance, bonnes intentions… Je voulais des vacances, j’en rêvais. Alors, arrêter de travailler, parfait, merci! Je vais pouvoir souffler et ne rien faire. Ne rien faire? Non. Je me retrouve avec ma fille à temps plein (je suis séparée et on a fait ce choix parce que le papa travaille encore. Maintenant il la prend le weekend) et je dois me gérer en plus de faire grandir cet être de deux ans et demi. Avez-vous réalisé, comme moi, à quel point on ne voit pas nos enfants? Je trouvais que ma fille se développait bien. Normal, j’ai une éducatrice en or. Alors me voilà confrontée à mon rôle de mère, rôle que j’embrasse difficilement dans ma vie et que je croyais facile. J’apprends. À tous les jours, j’apprends. Je me vois, je me regarde, je m’entends être inadéquate avec mon enfant. Et à chaque jour, je persévère, j’essaie d’être mieux, de lui donner le meilleur de moi, de faire d’elle un enfant équilibré, tout ça en essayant d’y trouver du soleil et du plaisir.
Oui du plaisir. Un concept plus rare ces derniers temps. Déjà que la notion du bonheur n’est pas inné chez moi, le confinement m’a redonné un autre grand coup sur le « à quoi ça sert tout ça? ». Perdre mon travail qui me nourrit tant, me retrouver loin d’autres adultes, de mon amoureux qui est à une heure… J’ai beau chercher le sens de la vie, mais je l’emmerde un peu la vie, je vous avoue. Mais à chaque fois, chaque fois que je sens que je perds pied dans ces tempêtes émotionnelles, il y a deux beaux grands, très grands yeux bruns qui me regardent avec sollicitude et une jolie petite bouche qui me dit : « Je t’aime beaucoup, maman » cinquante fois par jour et je me dis, il est là le centre de ma vie. Il est là mon ancrage, ma raison de m’accrocher à mon quai pendant la tempête. Dans cette petite boule que j’ai porté à l’intérieur de moi et qui, j’en ai parfois l’impression, à deux ans et demi, prend déjà soin de sa maman qui est envahie de peurs, d’émotions et de doutes face à l’avenir.
Le beau dans tout ça, parce qu’il y a toujours du beau; tel le lotus qui pousse dans la vase (cherchez Thich Nhat Hanh) , c’est que je me sens comme un oignon qu’on épluche. Être face à moi-même, sans artifices, me force à éplucher qui je suis. À essayer de devenir une meilleure personne. Je me vois, je m’observe, je me vis à tous les jours. Je me comprends de plus en plus. Je vois toute la souffrance que je porte en moi et que je fais aux autres. Je prends le temps de comprendre ce que je fais et pourquoi je le fais. Et j’épluche chaque couche que les épreuves et la vie ont mises sur mon dos, pour retrouver la vraie moi, celle dans sa plus simple expression, dans sa plus grande pureté. Une épopée. Dans mon salon. Sur mon divan. De mon être, de mon âme. Je vais peut-être perdre avec ce confinement, mais je sais que je vais gagner. Je sais aussi que je ne serai pas une nouvelle personne. Je serai encore la vieille moi. Mais le masque aura tombé avec sûrement, beaucoup plus de bienveillance envers moi-même…
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