Prof un jour, prof toujours !

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Je disais hier que les professeurs du primaire ne devaient pas être vus différemment de leurs confrères ou consoeurs qui enseignent au secondaire, voire au cegep. Je connais des professeurs de secondaire qui feraient de bien mauvais profs de primaire (ils s’en confessent eux-mêmes). Parce que, quoi que l’on puisse penser, enseigner à un tel niveau, ça n’est pas de la tarte, qu’on se le tienne pour dit!

Je pense sincèrement qu’il est plutôt facile de mal faire son travail au primaire. Comment? En restant cantonné dans sa vision d’adulte. En refusant de quitter sa zone de confort d’être mature, culturellement formé et bien assis dans son rôle d’individu scolarisé depuis, ma foi, bien trop longtemps pour être vraiment en mesure de se replonger dans cet état d’esprit propre à l’enfance. Il faut trouver les bons mots, décortiquer le savoir pour qu’il soit assimilable par des petits poux qui n’ont à leur actif que très peu d’expériences humaines, si on y pense bien… Être un érudit de la littérature ou un as des statistiques ne vous serviront à rien ici…

Il faut également être capable d’abandonner sa rigidité, d’embrasser l’adaptation, de se plier à l’humilité et accepter que tout ne se déroule pas nécessairement comme prévu! Pas question de tenir mordicus à son précieux plan de cours, qui, de toute façon, sera modifié à maintes reprises, suivant le rythme des enfants, de leur humeur, de leur couleur du moment. Parfois, l’heure est au repos parce que survoltés, à la discussion parce que perturbés par un ami absent ou malade, à la créativité parce que morts d’ennui une journée de pluie…

Par ailleurs, pour enseigner au primaire, il faut être en forme! Toujours. La seule façon d’y arriver, c’est de se coucher tôt. Ne riez donc pas de vos amis profs qui se couchent à  9h00; c’est une question de survie! La patience est leur principale alliée. La rapidité de réaction, une nécessité. Entre une leçon de géométrie avec des petits cubes de couleur qui tombent partout et une période consacrée à la découverte du son « Ch » comme dans « chat », mieux vaut avoir les yeux en face des trous et ingéré sa dose de caféine réglementaire, parce qu’il ne doit pas y avoir de temps mort! Parce que qui dit temps mort dit « séance de niaisage » où ces petits trésors se livrent à toutes sortes d’activités disons, peu constructives et vraiment, vraiment agaçantes…

 Et c’est sans compter le stress qui va avec le poste! Parce que oui, quand il y a une sortie à pieds pour aller voir Madame Bonheur au jardin des choubidous au théâtre pour enfants du quartier, on a tous peur d’une chose : qu’un de nos charmants petits coeurs se jette allègrement dans la rue pour aller voir une mouette qui mange une frite sale et qu’il se fasse happer par un camion. Ou qu’il se fasse rouler dessus par une compétition de vélos. Cela dépend de votre pire cauchemar…

 Alors, la prochaine fois que vous croiserez un(e) prof de primaire, de grâce, tentez de voir autre chose en elle (lui) qu’une Annie Brocoli en puissance qui donne des cours de Plasticine

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Pascale Clavel