Par Cynthia Fontaine de la clinique Pas à Pas
Bébé est enfin arrivé! Comme parent, accueillir un nouveau membre dans la famille amène son lot de bonheur. Quelle fierté de voir poupon gazouiller, faire son premier sourire, lever sa tête pour vous regarder. Vous êtes ébahis de voir ce petit être grandir et évoluer dans le grand monde. Mais il se peut que vous observiez aussi que sa petite tête soit penchée toujours d’un même côté, que ses oreilles ou yeux ne semblent pas symétriques ou que son crâne présente un petit plat derrière. Il y a de fortes chances que votre enfant présente un torticolis ou une plagiocéphalie, 2 anomalies congénitales musculosquelettiques très fréquentes en début de vie. Il est donc important comme parents de connaître ce que sont le torticolis et la plagiocéphalie pour aider à les prévenir, les détecter et/ou limiter leur évolution.
Le torticolis congénital est une déformation posturale identifiée à la naissance ou rapidement après la naissance. C’est une contracture ou raccourcissement musculaire d’un seul côté d’un muscle nommé le sterno-cléïdo-occipito-mastoïdien (SCOM). Ceci provoque une inclinaison du côté de la tête du muscle raccourci et une rotation du côté opposé. Il y a plusieurs hypothèses quant à l’origine du torticolis congénital (ex : trauma à la naissance, mauvais positionnement utérin, ischémie dans le muscle). C’est la 3ème anomalie congénitale musculo-squelettique la plus fréquente chez les nourrissons.
Il existe aussi le torticolis postural ou dit *attitude de torticolis*, qui se présente comme une préférence positionnelle de la tête du bébé, sans restriction de mouvement, raideur ou masse musculaire. Ce type de torticolis peut être engendré par l’environnement, une plagiocéphalie (tête plate) ou une préférence à regarder ou se coucher d’un côté plus que l’autre chez l’enfant ou dans les bras des parents. C’est une forme moins sévère de torticolis et plus facile et rapide à traiter.
La plagiocéphalie quant à elle, est un aplatissement unilatéral du crâne, secondaire à des pressions exercées sur celui-ci durant la période de gestation, l’accouchement ou après la naissance. Cela peut provoquer une asymétrie du crâne sur trois dimensions, des oreilles, des yeux et du visage. Elle est associée fréquemment au torticolis. Plus rapidement la plagiocéphalie est détectée, plus vite les recommandations de positionnement aideront au remodelage du crâne.
Ces deux affectations peuvent interférer dans le développement moteur global et fin des tout- petits puisque l’enfant peut ne pas se développer de façon symétrique en raison de faiblesses musculaires ou de raideurs musculaires. L’enfant pourrait, par exemple, développer une roulade d’un seul côté, avoir de la difficulté à ramper en utilisant ses 2 bras, avancer sur les fesses plutôt que sur le ventre et utiliser une main plus qu’une autre pour manipuler des objets.
Comme physiothérapeute en pédiatrie, un de mes rôles est de supporter les parents dans la prévention de ces deux problématiques et si elles sont déjà présentes chez leur enfant, mettre en place des recommandations/stratégies permettant de retrouver la mobilité du cou, aider au remodelage du crâne et aider au développement moteur harmonieux.
Je vous fais donc part aujourd’hui de conseils permettant de prévenir/limiter les problématiques de torticolis et plagiocéphalie chez les bébés :
Dans son lit
-Dodo sur le dos en tout temps la nuit, à moins que l’enfant soit en âge de changer seul de côté.
-Varier la position de la tête lorsque vous déposez votre bébé dans son lit.
-Le mobile devrait être au milieu du lit, à la hauteur du nombril pour stimuler une position de tête symétrique.
-Vous pouvez changer bébé de côté dans le lit pour l’approcher parfois vers sa droite et parfois vers sa gauche lorsque vous entrez dans la chambre et vous dirigez vers son lit.
Durant les périodes de jeux
Couché sur le dos :
-Stimuler votre enfant à tourner la tête des deux côtés avec un jouet stimulant lumineux et/ou sonore.
Couché sur le ventre :
– Stimuler la position ventrale le plus souvent possible, et ce, dans le plaisir. Nous recommandons plusieurs petites périodes totalisant 45 à 60 minutes par jour. (Ex: 10 X 5 minutes).
-Vous pouvez vous mettre devant votre bambin pour jouer avec lui afin de rendre cette période agréable.
-Vous pouvez aussi le coucher sur votre ventre ou utiliser un rouleau de serviette sous ses aisselles pour augmenter sa tolérance dans les premières semaines de vie.
-Dans cette position, mettez des jouets lumineux ou sonore à des endroits différents et des deux côtés pour stimuler des mouvements de tête fluides et l’utilisation des deux mains.
-Lorsque vous changez votre bébé du ventre au dos ou vice versa, pratiquer avec lui la roulade pour lui inculquer le bon mouvement et lui permettre éventuellement de le faire de lui-même. On commence par attirer son attention visuelle d’un côté puis on le roule en mettant une main sur une hanche.
Couché sur le côté :
– Stimuler la position latérale durant les périodes d’éveil. Cela lui permet de manipuler des jouets, de s’autoréguler en mettant ses mains vers sa bouche tout en diminuant l’appui de la zone aplatie de sa tête.
– Vous pouvez utiliser un rouleau, votre cuisse ou un coussin d’allaitement pour aider au maintien de la position.
Activités quotidiennes
– Tenter de toujours alterner les 2 côtés lorsque vous allaitez/ou donnez le biberon, tenez le bébé dans vos bras ou le positionnez sur la table à langer.
-Limiter de plus possible les périodes dans les sièges d’auto en dehors de la voiture. Il est d’ailleurs déconseillé de faire dormir bébé dans cet équipement. Lors de courtes périodes à l’extérieur du véhicule, s’assurer de maintenir la tête dans un bon alignement. Au besoin, on peut ajouter une serviette roulée afin de bien positionner la tête et le tronc.
-En voiture, il est prioritaire d’utiliser le siège d’auto selon les directives du fabricant pour des questions de sécurité sans équipements supplémentaires.
– Limiter le temps passé dans une balançoire, coquille, chaise vibratoire ou siège de bébé parce que la tête est toujours en appui au même endroit, ce qui peut provoquer l’aplatissement de la tête. Le bébé doit être libre de mouvement le plus souvent possible.
– L’endroit à privilégier pour les périodes de jeu est au sol afin de stimuler le développement moteur de votre bébé. Nous vous recommandons donc de limiter au maximum aussi l’utilisation de la soucoupe, siège « bumbo » et « jolly jumper », qui n’aident pas à son développement.
Si bébé présente un aplatissement de la tête qui persiste et/ou une position de tête asymétrique, une évaluation en physiothérapie s’impose fort probablement. Une consultation hâtive permet d’ailleurs de meilleurs résultats, et ce, plus rapidement. Le physiothérapeute évaluera votre enfant et traitera par des modalités d’étirements, de mobilisations, de renforcement, des techniques de positionnement ainsi que des exercices à faire à la maison. Un travail conjoint entre le professionnel et les parents est un gage de réussite!