#MoiAussi (#MeToo)

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Par Pascale Clavel

Demain ou après-demain. Peut-être aussi la semaine prochaine, je vous parlerai de littérature jeunesse ou de bébés d’amour… Mais aujourd’hui, même si ma plus vieille, mon petit coco de trois mois et moi-même avons le rhume et manquons solidement de sommeil, je prends le risque d’écrire sur un sujet qui mériterait que je sois alerte et en pleine possession de mes moyens…

Ce n’est pourtant pas le cas, mais je tenterai de vous parler avec mon cœur, puisque je ne peux demeurer silencieuse devant un tel mouvement de solidarité entre femmes (et aussi entre hommes) ayant été victimes d’abus sexuels de toutes sortes…

Le fameux hashtag #MoiAussi sur les réseaux sociaux en fait frissonner plus d’une. Certaines se sentent plus fortes, d’autres, démolies. Je parlerai des femmes, puisque, comme femme, j’ai moi aussi utilisé ce hashtag dernièrement. Toutefois, cela ne diminue en rien la violence sexuelle ou autres types d’abus que subissent également les hommes…

Je ne suis pas ici ce matin pour révéler une quelconque histoire sombre; je considère que les détails derrière mon hashtag ne se trouvent aucunement au cœur du message que je souhaite transmettre aujourd’hui, un message qui en est un d’appel à l’éducation. Je pourrais vous parler aussi de nos petites filles, mais ce n’est pas ce qui émerge dans mon esprit fatigué aujourd’hui.

Je suis nouvellement maman d’un fils. Un fils qui deviendra homme et qui devra construire son identité d’homme selon ce qu’on lui enseignera ou montrera. Hors, j’en ai plus qu’assez des stéréotypes masculins qui tendent à persister malgré l’indignation de plusieurs d’entre nous.

Je parle ici de la définition de la masculinité qui repose sur une sorte de machisme désuet et totalement inapproprié. Pour être un gars, un vrai, il faudrait toujours « être prêt », s’émouvoir devant un bout de peau, s’adonner à une sorte de compétition sordide à savoir qui, d’entre tous, serait le plus grand consommateur de chair… Au risque de passer pour une moitié d’homme, un homme défectueux, un homme dont la virilité serait à questionner…

Cette façon de concevoir « le devenir homme » n’aide en rien quant à la façon dont nos garçons envisageront leurs relations avec les femmes. Il s’agit là d’une attitude déshumanisante envers elles. Consommer des femmes à la chaîne? Pourquoi pas. Parler de leur potentiel « sexuel » en premier? Allons-y, puisqu’il le faut!

Et pourtant, en jasant de la vie avec des amis « hommes », on se rend compte que plusieurs d’entre eux sont extrêmement inconfortables de devoir vivre leur masculinité de cette façon. Bien sûr, à 30 ou 40 ans, certains se positionnent et rejettent tout ça du revers de la main en se foutant bien de ce que les autres penseront d’eux. Mais à 15, 20, 25 ans… Sommes-nous assez solides pour affronter de tels stéréotypes, se tenir debouts?

Parce que non, un tel comportement n’a rien d’anodin. Il n’y a pas si longtemps, l’intimidation était banalisée de la sorte, alors je suis effondrée de constater qu’il existe encore des rituels « typiquement masculins » malsains qui tendent à perdurer malgré le discours féministe prônant l’égalité… Un discours auquel tout le monde a accès! Je pense ici aux fameuses initiations dérangeantes dans plusieurs universités de renom, mais aussi à cette fameuse sortie dans un bar de danseuses quand un de nos potes se marie.

Oui, je sais, je ne devrais pas dire cela. Une fille cool doit être d’accord avec ça. Elle doit s’en balancer, elle doit être au-dessus de tout ça, puisque tout ceci ne veut rien dire! Ce n’est que pour rire, c’est ce qu’on fait, c’est tout. Ça ne veut pas dire qu’on ne respecte pas les femmes, qu’on est des hommes des cavernes, qu’on participe à une relation « dominant-dominé » puisqu’on paie… Je le répète : c’est censé être drôle! Vraiment?

Je m’expose à la critique de la part de mes comparses féminines « cool », mais aussi de la part de certains gars qui me traiteront peut-être de sacoche ou de petite matante… Pourtant, j’ai déjà été cette fille cool et c’est ce qui est le plus triste…

Encore une fois, si on prend le temps de sonder le terrain autour de nous, quantité d’hommes ne sont pas confortables avec pareil rituel, mais n’osent pas s’opposer. Parce que, voyons : « Où as-tu mis tes couilles, Langevin?! Arrête de faire ton clitoridien! » Pourquoi faire un truc qui nous déplaît au nom de la masculinité? Pourquoi continuer pareille absurdité puisque personne n’y gagne, à commencer par les femmes?

Alors non, je ne vais pas éduquer mon garçon en lui disant que tout ceci a un sens… Je vais aussi lui apprendre tout ce qui a trait au consentement, car ce qui est bon pour les petites filles, ça l’est aussi pour les garçons.

Il aura le droit de ne pas vouloir embrasser une fille à tout prix.

Il aura le droit de ne pas nécessairement vouloir « sauter sur tout ce qui bouge » simplement parce qu’il est un gars.

Il aura lui aussi le droit d’être fatigué dans son couple. Ou même d’avoir simplement besoin de tendresse plutôt que d’un rapport sexuel avec pénétration en bonne et due forme…

Il aura le droit d’être triste, donc, d’avoir besoin de soutien de la part de son ou sa partenaire plutôt que de « sexe ».

Il aura le droit d’être tout cela ET d’être un homme, puisque nous sommes en 2017, une ère où l’on fait constamment face à une multitude de choix. Alors soyons un peu plus créatifs que cela avec nos garçons…

Je vous invite à m’écrire votre pensée en commentaires si ma réflexion contient des propos qui ne s’inscrivent pas dans un féminisme assumée. Je ne suis malheureusement pas à l’abri de certains acquis culturels dont je souhaiterais me départir, il va sans dire…

Le hashtag  MeToo a été lancé par l’actrice Alyssa Milano. Depuis, plusieurs femmes dénoncent leurs agresseurs ou sortent de l’ombre en parlant  sur les réseaux sociaux des abus qu’elles ont subis. Parmi elles, plusieurs actrices, mais aussi des femmes de tous les milieux…