Le rôle de l’orthopédagogue

Par Laurie-Ann Garneau-Gaudreault de la clinique Pas à Pas

Qu’est-ce que l’orthopédagogie?

L’orthopédagogie est une porte d’accès pour l’enfant et ses parents. Tout d’abord, l’orthopédagogue ouvre la porte vers différentes stratégies pour améliorer les apprentissages et réduire l’impact des obstacles que rencontrent l’enfant dans son cheminement scolaire. Par la suite, l’orthopédagogue transmet de l’information, des outils et des ressources aux parents pour soutenir et guider leur enfant dans son parcours scolaire. Certains défis demandent par contre de lire entre les lignes et d’aller au-delà des difficultés scolaires pour mieux comprendre l’élève…

Le rôle de l’orthopédagogue

« Je ne suis pas capable ». Une phrase que j’ai beaucoup trop souvent entendue comme orthopédagogue. Une phrase chargée de tristesse et de résignation prononcée par des enfants n’ayant même pas encore 10 ans…

Pour ma part, « je ne suis pas capable » d’oublier le visage de ce petit garçon à qui j’ai enseigné lors de mon premier stage en enseignement en adaptation scolaire et sociale. Ou, du moins, je ne veux pas l’oublier. L’élève était en première année et rencontrait, déjà à six ans, plusieurs obstacles sur le plan des apprentissages scolaires. C’était aussi le cas pour l’exécution de tâches quotidiennes qui peuvent parfois paraître simples, comme de mettre son foulard et d’attacher ses lacets.

Dans les premières semaines de mon stage, l’élève  me regardait et, sans même un essai, refusait de faire le travail. « Je ne suis pas capable, madame ». Sa voix pouvait parfois être chargée de défi, mais ses yeux disaient autrement. Certaine qu’il n’agissait pas par paresse ou par malice, je l’ai encouragé à persévérer en me questionnant sur l’origine de cette résignation.

Alors, je me suis mise à les entendre. Les « Il n’est pas capable!». Prononcés par les autres enfants de la classe, mais aussi par les intervenants. Pourtant, l’élève était bien capable. À son rythme et en utilisant d’autres moyens.

L’un des rôles de l’orthopédagogue est de lire dans ces « je ne suis pas capable » afin de déceler le problème, car la source des difficultés résident très souvent au-delà des fautes d’orthographe ou des méprises en lecture. Dans le cas raconté ici, le « je ne suis pas capable » tirait ses origines dans diverses sphères : les échecs scolaires, les défis causés par les séries de mouvements et de gestes moteurs, un processus d’évaluation qui tardait, un manque de ressources pour les intervenants et une maladresse dans la façon de catégoriser l’élève.

Dans ce genre de situation, l’orthopédagogue a du pain sur la planche, à savoir dépister les difficultés en notant les faits et les comportements (jamais de jugement), demander aux intervenants directs de rapporter leurs observations (toujours sous forme de faits), évaluer les compétences de l’élève dans les matières scolaires, formuler des hypothèses et des objectifs d’intervention (pas de diagnostic), référer le dossier de l’élève au(x) professionnel(s) nécessaires, débuter les interventions auprès de l’élève en respectant son rythme, accompagner l’équipe enseignante dans les interventions en classe et travailler de concert avec l’équipe d’intervenants ainsi qu’accompagner les parents.

L’orthopédagogie est donc surtout un travail d’écoute qui demande de l’empathie et un bon esprit d’équipe. Ce que j’ai appris dès mon premier stage est de ne pas prendre l’enfant aux mots, mais de lire entre les lignes pour pouvoir transformer chacun de ces « je ne suis pas capable » en « ah! j’ai trouvé! ».

Quelques pistes de suggestions si votre enfant démontre une faible estime de soi et éprouve des difficultés :

  • Prendre un moment afin de discuter si la charge d’émotions est trop grande pour permettre la réalisation des tâches (ex. les devoirs);
  • Accompagner dans la tâche avec un rythme plus lent les premières fois et s’adapter à mesure que l’enfant se sent plus en confiance;
  • Guider l’enfant dans la réalisation du travail sans toutefois le faire pour lui;
  • Faire du renforcement positif en le félicitant pour ses bons coups quand les occasions se présentent (ex. quand il rend service ou quand il vit des réussites);
  • Prendre en note les observations (défis, amélioration) si l’occasion le permet;
  • Faire nommer quelques-uns de ses points forts à votre enfant après une activité paraissant plus difficile;
  • Segmenter les tâches longues en petites étapes pour lui faire vivre des réussites;
  • Proposer des choix parmi les tâches à faire;
  • Favoriser une communication orientée vers le positif (ex. demander à l’enfant ce qui croit être capable de réaliser seul plutôt que d’axer directement sur ce qu’il dit ne pas être capable de faire).

L’important, ce n’est pas de tout faire à sa place, mais bien d’y aller selon le rythme de votre enfant. En espérant que ces quelques conseils vous permettent de faire déjà de petits changements avec votre mini!

Laurie-Ann Garneau-Gaudreault
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