Ma fille et moi, on s’est toujours bien comprises. J’ai appris à être sa maman et elle est devenue ma fille à force de se coller, de marcher dans le même sentier, de partager ma bulle, mon univers, mes hauts et mes bas. Un regard, un soupir, des petits yeux pensifs et ça y était. Je savais.
Mais, depuis l’arrivée de notre p’tit loup tout neuf, comment dire? Maman a les mains pleines, le cœur, séparé en deux. L’amour en attente. En attente du bon moment. En attente d’avoir du temps, de l’énergie… On doit maintenant se contenter de cet amour fragmenté. Mais ça n’enlève rien à tout ce bonheur qu’on a, elle et moi, de voir gigoter ce petit frère si bon et si extraordinairement vigoureux auprès de nous… Un petit frère-bonbon.
Papa a maintenant pris la relève auprès d’elle, ma première-née adorée. Chacun de mes enfants est spécial. L’amour est exponentiel, mais les paires de bras pour s’en occuper, non. Il est donc normal qu’elle se soit tournée vers lui pour se créer un petit monde à elle, une bouée bien-aimée.
Je me réjouis de cette complicité grandissante, mais je ne peux empêcher mon cœur de se replier sur lui-même… Je me dis que l’équilibre reviendra quand mon deuxième trésor aura grandi, mais en attendant… Je suis en deuil de nos câlins, de nos matins…
Alors je m’invente des petits trucs pour lui montrer que je n’ai pas disparu, qu’elle peut toujours compter sur moi, retrouver le chemin de sa première maison, de sa maman-bedon, de nos bisous-papillons-doux.
La routine du dodo m’a maintenant totalement échappé. Trop de gestion pour le p’tit loup, trop d’incertitude. Encore à deviner à quel moment il tombera dans les bras de Morphée…
Alors comme une petite souris, je vais dans sa chambre en douce pendant que papa donne le bain. Je place ses couvertures, les rabats soigneusement, comme si elle y était blottie. Le matin, quand la maison est vide de ses éclats de rire espiègles, je plie son petit pyjama avec douceur et cérémonie, le dispose bien à la vue parmi ses vêtements aux couleurs de fête… Je me dis que, quand elle entrera dans sa chambre, si je suis occupée à bercer, cajoler, consoler, m’éparpiller le cœur et l’esprit, elle saura.
Saura que maman est toujours là…
Ce texte a également été publié sur le blogue de la Garderie Maternelle Hibouge et Bilingo.