Avec toi

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Ma grande,

J’avais tellement de choses à te dire avant que ton petit frère arrive… Le temps file, il est presque là et toi, tu ne cesses de grandir et de m’éblouir.

C’est Bob Harris qui avait raison dans Lost In Translation : « Un beau matin, on se réveille et on se rend compte que nos enfants sont les êtres humains les plus extraordinaires qu’on ait  jamais rencontrés… »

Ton frère et toi, vous serez toujours mes plus grandes réussites. Je serai toujours fière de toi.

Eh bien aujourd’hui, je me sens comme ça. Je ne pensais jamais que ce serait aussi beau, d’attendre ton frère avec toi. Bien sûr, papa l’attend aussi, ce bébé, mais partager ça avec toi a quelque chose de grandiose. Tu es ma petite alliée, ma gentille magicienne pleine de mots doux et de paroles rassurantes. J’ai l’impression que tu comprends mieux les choses que moi parfois. Mes peurs, mes doutes de maman qui entrevoit l’inconnu avec ses yeux d’adulte, toi, tu ne les laisses même pas entrer dans ton petit cœur qui a simplement hâte. Hâte que ce petit frère arrive, qu’il soit là. C’est tout.

Tu as bien eu tes peurs à toi et c’est normal ; j’ai aimé ça en parler avec toi. Je ne voulais pas qu’il y ait de cachettes à ce sujet.

Tu pourras toujours tout me dire. Toujours.

Saches que je t’aimerai autant quand ton frère sera là. Une amie a écrit un jour que c’est avec son plus grand qu’elle a appris à être une maman. Bien moi, c’est avec toi que j’ai fait ce grand saut, ma petite acrobate amoureuse de la haute voltige d’amour. Je ne regretterai jamais de t’avoir mise sur ma route avec ton père. Il me semble que tu as toujours été avec moi, que tu m’as toujours accompagnée partout. Que tu te cachais quelque part au creux de mes rêves.

On était faites pour être ensemble. Je te connais depuis toujours.

Je n’ai pas l’impression d’avoir autant assuré que je l’aurais voulu durant cette grossesse, cette attente, cette ascension vers la fatigue, le malaise grandissant. C’est que ça prend de la place, un petit bébé! Mon corps ne m’obéit plus et j’ai parfois l’impression de ne plus m’appartenir. Mes mouvements, mes humeurs. Tout y passe. Je ne suis pas toujours aussi patiente que je le voudrais. Je m’en veux un peu, mais je pense qu’on a appris à mieux se comprendre.

Je ne te refuserai jamais une explication si ça t’aide à mieux te sentir. Je tenterai de trouver le chemin de mes sentiments s’ils peuvent contribuer à mieux apprivoiser les tiens.

J’ai été touchée par ta sensibilité d’enfant qui devine tout. Tu voyais quand je croulais de fatigue, tu avais envie de m’aider. Tu me donnais des cadeaux tout beaux : des fleurs, des cailloux, des dessins, une couverture, un coussin en forme de cœur, une chanson qui sent bon. Tu déplaçais ce qu’il fallait dans la maison avec tes petites mains généreuses… Juste pour que je sois capable de m’abandonner à l’inconfort, de faire tomber ce masque de maîtrise, cette force d’apparat que je m’efforçais de retenir. Si tu savais à quel point tes verres d’eau magiques me faisaient du bien, simplement parce que c’était toi qui me les apportais, sans que j’aie à demander quoi que ce soit. Cette authenticité partagée m’a comblée.

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Je te serai toujours reconnaissante de vouloir prendre soin de moi.

Mais tu n’as pas à jouer à l’adulte dans mes moments de faiblesse.

Je demeurerai toujours celle vers qui tu pourras te tourner. Même dans la fragilité, je demeurerai ton roc.

Ma belle amour, toi qui es prête à recevoir ce petit frère, toi qui l’aimes déjà autant que nous, je sais que les mois à venir seront un défi pour la grande petite fille que tu es. Mais ce sera aussi une magnifique aventure, comme toutes celles que nous avons traversées ensemble depuis que je t’ai prise dans mes bras pour la première fois.

Cette naissance imminente me ramène à la tienne, elle me ramène à toi. Je revois tes traits délicats de petit bébé sur ton visage. Je revis les étapes que tu as franchies jusqu’alors, celles qui avaient commencé à se tapir dans un coin de ma mémoire, une à une. Est-ce possible d’aimer autant quelqu’un? Est-ce possible d’aimer autant ce que nous avons façonné ton père et moi depuis que tu es arrivée?

Nous sommes tous liés dans cette naissance.

On s’épaulera les uns les autres.

On construira notre forteresse. On se bâtira un château tout en bulles et en mousse, un grand nid de couvertures, comme tu les aimes.

N’oublie jamais que mon cœur est ta maison.

Il est ta balançoire pour atteindre le ciel. Encore et encore.

Et aussi la plus haute branche sur laquelle tu t’envoleras quand tu seras prête. 

Mais pas tout de suite.

Je t’aime.

Maman

Crédit-photo : Elise Martineau Photographie

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Pascale Clavel

4 réflexions sur “Avec toi

    • Pascale Clavel dit :

      Merci beaucoup! J’ai dû m’arrêter moi-même à plusieurs reprises, car j’avais les yeux dans l’eau malgré moi… L’écriture est tellement libératrice et porteuse de sens quand il est question de mes enfants…

    • Pascale Clavel dit :

      Merci beaucoup… Je voulais vraiment sortir toutes ces belles émotions et lui en faire cadeau pour l’avenir… On a bien hâte de voir notre nouveau trésor!

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