Tout le monde parle de Caillou!

On dirait que depuis deux semaines, tout le monde s’est passé le mot pour parler de Caillou!

C’est vrai qu’il est énervant! C’est vrai aussi que les enfants semblent prendre un malin plaisir à aimer ce qui énerve les parents.

J’imagine que je dois me considérer parmi les chanceuses, car ma fille ne semble pas avoir pris d’affection ce petit bonhomme chauve qui a comme principale activité de rouspéter sa vie… On a les mêmes goûts,il faut croire!

En lisant tout ce qui se disait sur cette émission pour enfants qui rend dingue, j’ai eu moi aussi envie d’ajouter mon grain de sel (de sucre?).

Pour commencer, je dirais que le personnage de Caillou ne me traumatise pas tellement; certains petits ont le « chiâlage facile », alors, je peux vivre avec cette représentation de l’enfant d’âge préscolaire. Par contre, son père et sa mère, eux, ils sont passés maîtres dans l’art de m’horripiler la fibre parentale! Non pas parce que leur comportement toujours-compréhensif-jamais-un-mot-plus-haut-que-l’autre me fait sentir coupable de ne pas être ce type de parent « parfait », mais bien parce que j’ai envie de hurler à l’imposture!

Qu’on les arrête, qu’on les place sous observation, parce que ces parents-là, bien… ça ne peut pas être des parents! Ils ne sont pas humains! Non, mais c’est vrai, quoi! Même Perlin et Perline « pétaient parfois leur coche » dans Passe-Partout! Preuve à l’appui :

Vous allez me dire que tous les livres sur la discipline stipulent qu’il faut éviter de crier après les enfants, que cette méthode n’est pas efficace et qu’ils finissent par avoir peur de leurs parents, etc., etc. Sauf que, hausser le ton à la Perline, je ne considère pas ça crier, mais bien insister sur quelque chose pour montrer notre désaccord! Et même ça, je n’ai jamais eu « la chance » de le voir dans Caillou… Toujours cette profonde maîtrise de soi, cette égalité d’humeur exaspérante comme s’ils étaient en constante représentation… Plus encore, on se demande s’ils sont bien sobres!  « Minute, vous autres! Pour des parents qui sont sensés faire une intervention disciplinaire, vous avez l’air d’avoir un peu trop de fun! »

Par ailleurs, ce qu’on reproche à Caillou, c’est son manque d’autonomie, son incapacité à trouver des solutions par lui-même. Alors qu’est-ce qu’on écoute à la place? Et bien, parlant d’initiative, je ne peux m’empêcher ici de parler de Macha et l’ours. 

Macha, c’est la caricature de notre petit amour de 2-3 ans! Elle touche à tout, veut tout voir, tout connaître… Sa quête perpétuelle consiste à assimiler le monde, à faire comme les adultes (l’ours), à tout expérimenter. Elle passe son temps à tomber, puis à se relever. C’est une véritable boule d’énergie capable de drainer toute notre substance vitale en l’espace de quelques minutes.

Et puis, comme parent, on a besoin de vivre notre exaspération par catharsis, et c’est pourquoi on se retrouve tous dans cet ours petit-mononcle attachant, qui vit tranquille dans sa maison proprette en forêt (symbole du monde adulte, du havre de paix ou de l’individualité jalousement gardée). Chaque épisode peut donc se lire comme une série d’entrechoquements entre plaisirs d’enfance et petits bonheurs d’individus, disons, plus matures?

Il est évident que la surdose fait en sorte qu’une émission nous exaspère. Quand on est saturé de quelque chose, il n’y a plus rien à faire! Je suis persuadée que si je demandais à mes parents comment ils vivaient l’expérience Passe-Partout dans leur salon quand j’étais petite, ils me répondraient sûrement qu’ils ont eu envie d’étrangler Pruneau, Cannelle ou Mélodie (quelle voix musicale!) à plus d’une reprise…

 

Pascale Clavel