Comme une fille…

Tout comme moi, vous avez sûrement vu la fameuse publicité d’Always qui circule sur les réseaux sociaux. Cette dernière remet en question l’expression “comme une fille”, dans le sens péjoratif du terme.”Courir comme une fille”, “lancer comme une fille”, “se battre comme une fille” …  Bref, on a tous été exposés à ce genre de commentaires plusieurs fois dans notre vie. Tout comme moi, vous vous êtes peut-être dit au départ qu’il n’y avait rien de mal à se moquer un peu de soi-même ou des filles en général et, tout comme moi, vous vous êtes peut-être dit qu’il ne fallait tout de même pas exagérer… Puis, vous avez regardé la fameuse pub. Jusqu’au bout. Et vous vous êtes dit que vous  aviez tort. Je me suis rendu compte que cette expression faisait tellement partie de la vie que je ne lui portais pratiquement plus attention ! Je pense même l’avoir utilisée à quelques reprises et de m’être trouvée drôle en plus !

Ce n’est qu’après avoir visionné la pub que j’ai compris à quel point des mots pouvaient peser lourd, et ce, sans même qu’on s’en aperçoive. Il y a un moment-clé dans cette pub, un moment qui nous donne envie de pleurer malgré nous et qui nous prend par surprise. Vous savez, lorsque l’on montre des petites filles comme la mienne, des petits bouts de vie tout mignon qui ne connaissent pas encore les clichés ambulants, certains codes sociaux qu’une fois adultes, on a tous intégrés. Ces petites filles n’ont aucune idée de ce que veut dire “courir comme une fille” ou “lancer comme une fille”. Elles ne font que courir du mieux qu’elles peuvent ! Elles se donnent à fond, ces petites reines, avec toute cette naïveté, cette candeur propre à l’enfance. Et là, il y a un serrement au coeur, une boule dans la gorge, parce que oui, un jour, comme maman, je devrai expliquer à ma puce pourquoi, quand on dit “comme une fille”, on veut dire “moins bien”, “faible”, “pas enviable”…

Et voilà que la maman louve s’enflamme ! Depuis quand faire les choses “comme une fille” ne devrait pas être enviable ??? Depuis quand, han ? Ce n’est qu’une expression, me direz-vous… Mais, au fond, si vous êtes bien honnêtes, n’y a-t-il pas une partie de vous, en regardant cette vidéo, qui souffrait en silence. Oh, presque rien… Comme une vieille blessure qui se réveillait, là, dans le coeur, mais à laquelle on s’était habitué. Ah, oui, c’est vrai, je suis une fille, pour ne pas dire “juste une fille”. Je pleure plus que les gars, je suis plus émotive, je suis moins bonne en sport, je suis moins résistante, moins endurante, moins forte, je ne peux pas sortir tard le soir dans les rues, on peut s’attaquer plus facilement à moi… Je suis plus faible… La petite fille en vous est en colère, j’en conviens. Elle trouve ça injuste, j’en conviens…

“Comme une fille”, ce ne sont que des mots, au fond. Oui, mais ce sont des mots qui font mal, ou, à tout le moins, qui rabaissent, qui divisent, qui apportent quoi de positif, au juste ? Alors, si on a le choix, pourquoi ne cesserait-on pas de les utiliser? Ce serait un beau cadeau à faire à nos filles, mais aussi à nos garçons, qui, ne l’oublions pas, sont souvent la cible première de cette panoplie de comparaisons qui enferment les genres dans des petites boîtes qui n’ont plus leur place !

Alors en réaction à cette pub coup de coeur, je ferai un hommage aux filles dans mon prochain billet. Juste pour vous. Juste pour vos filles et la mienne aussi. Parce qu’être une fille, ça vaut vraiment le coup ! Tout comme être un garçon, d’ailleurs …

 

Pascale Clavel
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