Ce n’est pas censé faire mal (la fin !)

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Pour clore le sujet en ce qui a trait à l’allaitement, j’ai pensé livrer une tranche de vie que je préfèrerais avoir oubliée… Toutefois, après 1 an et des poussières de journées ensoleillées, je me souviens encore avec précision de cette période plus sombre qui n’avait rien à voir avec l’idée que je me faisais de la maternité…

Je m’explique. Lorsque j’ai manqué de lait, on m’a parlé des produits naturels, du tire-lait électrique à utiliser après chaque boire pour stimuler “mon attirail-faiseur-d’or-blanc” et aussi du médicament Dompéridone. Je m’accrochais aux dires de la dame comme à une bouée de sauvetage; la santé de mon enfant en dépendait et j’étais inquiète… C’est tellement petits, au début, ces petits amours-là et je me disais que si elle ne reprenait pas son poids de naissance, elle allait sûrement disparaître ! J’ai décidé de commencer par le tire-lait, puisque c’est ce qu’on m’avait suggéré, mais ce fut une erreur pour moi, du moins. On avait omis de me parler du degré d’efficacité de chacune de ces solutions. Et puis, quand on vient d’accoucher et que c’est la première fois de notre vie qu’on se lève aussi souvent la nuit et qu’on comprend VRAIMENT ce que le mot “fatiguée” veut dire, et bien, on ne veut pas essayer pour voir… On veut que ça marche ! Après une semaine de tentatives infructueuses à attendre 20 nimutes après chaque boire, puis à m’installer au tire-lait pendant un 10 minutes supplémentaire (ce qui enlève une grosse demi-heure, 40 minutes avant de pouvoir aller se recoucher en même temps que son bébé ), j’étais au bout du rouleau et affichait une mine de déterrée en permanence. Et puis ça demande toute une organisation technique, parce que le bébé n’arrête pas de perdre du poids pendant qu’on essaie fort d’augmenter la quantité de lait fourni à coup de pompage intensif ! Il faut le supplémenter soit avec le lait maternel qu’on tire, soit avec une préparation pour nourisson. Et puisqu’on m’avait mis en garde que le passage au biberon à un stade aussi précoce pouvait “détruire” la bonne prise au sein du bébé (une bombe allait éclater, il faut croire!), que pensez-vous que la madame a fait ? Elle a choisi la seringue avec le fameux petit tube qu’on met sur son sein avant que le bébé s’y accroche. Mais encore faut-il le mettre comme il faut, pas trop loin dans la bouche du bébé, mais pas trop superficiellement non plus, parce que le précieux lait tiré à coups de fatigue coulerait à côté… Et que dire de la douleur ravivée par un petit morceau de plastique sur les précieux attributs, crème miracle ou pas ! Merci quand même, Dr Newman…

Après ce que j’appelle mon petit calvaire ( et après avoir voulu arrêter d’allaiter au moins 5 fois par jour), on a fini par me prescrire le médicament Dompéridone, sans danger pour l’enfant. Effets secondaires minimes chez la maman impliquant des maux de tête, mais je n’en ai jamais eus. Le changement fut pratiquement instantané. Une question de jours et puis j’avais enfin assez de lait pour nourrir ma fille. Peu de temps après, je pouvais aussi dire adieu au tire-lait et au tube en plastique “égratigneur” de seins. Mais pourquoi n’avais-je pas pris ces mesures avant, que je ne cessais de me répéter ! Mon conjoint pouvait aussi souffler un peu, parce qu’il n’avait plus besoin de m’installer le tube à chaque boire. Et que dire du changement radical d’atmosphère dans la maison ! Au lieu des prises de bec de parents dépassés par les événements, on pouvait enfin profiter de notre petite princesse et de notre nouvelle famille en devenir. Il faut ici bien me comprendre; je ne suis pas en train de lancer un débat sur les médicaments et les méthodes dites plus naturelles en matière d’allaitement. La méthode du tire-lait aurait pu être hyper efficace après cette fameuse semaine d’essai. Là n’est pas la question. J’aurais simplement apprécié qu’on me prévienne que cette manière de faire impliquait plus de temps, d’efforts et d’énergie sans pour autant que le résultat soit satisfaisant.

C’est ça qu’il faut nous dire ! Laissez-nous ensuite chosir par nous-mêmes si on est plus “naturelles” ou non dans notre approche de l’allaitement ! Vous vous dites peut-être : “Oui, mais, il me semble que c’est évident que la première méthode est plus exigeante que la seconde !” En fait, non. Ça l’est maintenant qu’on en connaît toutes les facettes, qu’on est passé au travers. Ce n’est pas un crime de dire à une nouvelle maman qu’une méthode demande plus de temps qu’une autre, que cette dernière a un plus grand taux de réussite, qu’elle demande plus d’aide extérieure, de temps, d’énergie, etc. N’oubliez pas, une nouvelle maman ne peut pas se représenter comment cela se passera à moins qu’on lui explique ! Quant à moi, j’ai ma part de responsabilité là-dedans. J’aurais dû m’informer afin de prendre la meilleure décision possible à ce moment-là… Mais j’avoue que j’étais plutôt vulnérable et fatiguée…

Par ailleurs, je me suis sentie si seule et si différente des autres quand on m’a annoncé que je manquais de lait. Si allaiter était si naturel que ça, alors je devais forcément représenter un cas exceptionnellement rare puisque je manquais de matière première ! Mais non, ce n’est que plus tard, en parlant avec d’autres mères, lorsqu’on sort de ce premier mois d’isolement avec notre bébé, que j’ai compris que ce scénario était plutôt répandu et qu’il n’y avait pas de honte à avoir. Alors dans ce cas, pourquoi ne pas dire aux futures mères ce qui peut les attendre au lieu de tenir un discours biaisé qui ne mise que sur ce qui est positif. Et puis, cette vision idéalisée de la mère combattante qui allaite naturellement et qui n’a jamais mal si elle fait ce qu’il faut, bref “si elle est bonne”, ce n’est pas un peu réducteur ? Je trouve que cela positionne les femmes dans une compétition malsaine, mais ça, c’est une autre histoire et on en reparlera plus tard…

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Pour conclure…

Pour celles qui croient encore que cet article visait à décourager les futures mamans quant à leur potentiel allaitement…

1- Je le répète : j’ai adoré allaiter ma fille.

2- La crème anti-douleur a pris le bord peu de temps après le premier mois de vie de la cocotte.

3- À un mois et des poussières, je sortais allègrement au centre-d’achat, au parc et autres endroits publics en allaitant allègrement à l’aide d’un unique coussin d’allaitement conçu pour soutenir le dos et maintenir en position même les plus petits bébés.

4- Après un an de pur bonheur à allaiter ma petite puce, j’ai du mal à y mettre un terme. J’ai commencé le sevrage et elle ne boit maintenant que le matin et le soir. Pour m’en remettre, je dors avec un de ses doudous la nuit pour minimiser l’impact de cette première forme de séparation.

5- Est-ce que j’ai déjà dit que j’avais adoré allaiter ?