5 jours, 5 profs : jour 3

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Afin de valoriser la profession enseignante, j’ai choisi de présenter 5 figures fictives de professeurs. Tirées du cinéma, puisque ce sont elles qui me sont venues en tête en premier et qui risquent plus de marquer ainsi l’imaginaire collectif.

Jour 3 : Louanne Johnson, dans Dangerous minds, (interprétée par Michelle  Pfeiffer)

Je suis née début 1980, ce qui veut dire que quand Dangerous minds était à l’affiche, j’avais à peu près 15 ans. J’étais en plein dans l’adolescence et on peut dire que mon adolescence à moi n’avait rien de bien “dangereux”. J’étais donc la candidate idéale pour apprécier ce film, puisqu’il était à l’opposé de ma réalité et me faisait vivre un genre de rébellion par procuration. Quand on a 15 ans, tout est vécu avec intensité et on a envie de se frotter à ce que la vie nous offre comme émotions fortes, même si cela passe par une expérience cathartique de surconsommation de films dramatiques…

Louhanne Jonhson, une ancienne marine, est engagée dans une école secondaire de Carimont, en Californie. Elle est l’exemple parfait du prof qui enseigne dans une “classe spéciale” ou  de “cheminement particulier”, à vous de choisir le terme…

À mon avis, Dangerous minds a  merveilleusement bien su rendre le sentiment d’impuissance que tout enseignant est appelé à vivre au moins une fois dans sa carrière (pour ne pas dire plusieurs fois). Ça et la lutte intérieure perpétuelle entre l’envie de prendre ses jambes à son cou et celle de rester au cas ou le vent tournerait… Parce que la première fois qu’un enseignant met le pied dans sa classe, il ne sait jamais à quoi s’attendre. Généralement, ce premier contact déterminera s’il vivra un enfer toute l’année ou si, au contraire, ce sera l’un de ces moments bénis où l’on se pince pour savoir si on rêve ou pas…

C’est qu’il faut être solide pour enseigner! Surtout au secondaire! Il faut avoir une estime de soi en béton, car les étudiants ont cette capacité de flairer la faille et de s’y engouffrer pour nous tester. Parce que pourquoi nous suivraient-ils, quand on y pense bien? Sommes-nous réellement dignes de confiance? Savons-nous de quoi nous parlons? Allons-nous nous aussi les rejeter, surtout lorsqu’il s’agit de ce genre d’élèves présentant un grand trouble d’adaptation?

Louhanne Jonhson, petit bout de femme qui, à première vue, ne semble pas posséder le physique de l’emploi, réussira ce tour de force là où plusieurs avaient échoué avant elle. Comment? Et bien tout simplement en captant l’attention de ces jeunes, en partant de leurs intérêts bien à eux. En personnalisant au maximum son enseignement au point de se faire réprimander par la direction. Elle troque sa blouse immaculée pour une chemise à carreaux, dirige une démonstration de karaté, lance des barres de chocolat lorsqu’une bonne réponse est donnée…

Manque de professionnalisme? Non. On appelle ça de la survie.

Un prof, c’est donc une personne des plus tenaces qui doit tout mettre en oeuvre pour préserver ce fameux contact avec ses étudiants. Il doit sans cesse s’adapter, de jour en jour, d’heure en heure,  afin de conserver sa légitimité de transmettre, d’épauler, de féliciter, de guider, de sévir… Ses juges les plus sévères ne sont nuls autres que ses propres élèves.

Pascale Clavel
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