Afin de valoriser la profession enseignante, j’ai choisi de présenter 5 figures fictives de professeurs. Tirées du cinéma, puisque ce sont elles qui me sont venues en tête en premier et qui risquent plus de marquer ainsi l’imaginaire collectif.
Jour 5 : Katherine Watson, dans Mona Lisa smile (interprétée par Julia Roberts)
J’ai un peu hésité avant de fixer mon choix sur cette dernière figure d’enseignante. Je voulais une femme; question d’équilibre. Katherine Watson, c’est un peu la version féminine de John Keeting dans La société des poètes disparus. Sauf qu’elle fait plus de vagues, elle dérange davantage, et ce, dès son entrée au Wellesley College, une institution américaine prestigieuse exclusivement féminine.
Nous sommes en 1953. Il est difficile de ne pas parler de féminisme quand on parle de Mona Lisa smile. Parce que l’être femme est au coeur même de son propos. Katherine Watson, nouvelle enseignante d’histoire de l’art, viendra ébranler les convictions de ses jeunes étudiantes qui, une fois leurs études secondaires terminées, risquent fort d’être toutes mariées et femmes au foyer. Certaines le sont déjà, d’ailleurs et elle doit composer avec cette réalité; lorsqu’une étudiante s’octroie le droit de manquer des cours et de ne pas rendre des travaux afin de remplir ses fonctions de nouvelle épouse, elle est en furie!
Katherine Watson devient un modèle pour ces jeunes femmes, puisqu’elle incarne à elle seule la crise des valeurs qui sévit dans cette société américaine des années 50. En effet, la condition féminine de l’époque est appelée à changer; la pilule contraceptive est maintenant accessible, certains couples se permettent de divorcer, quelques femmes osent envisager des études universitaires…
Bref, vous vous demandez sûrement pourquoi j’ai hésité avant de présenter Katherine Watson comme dernière figure visant à valoriser la profession, puisque comme modèle d’émancipation féminine, on ne pourrait pas tellement faire mieux! C’est vrai. Sauf que cette enseignante tombe, malgré elle, dans un piège duquel personne n’est à l’abri dans le métier : elle impose sa vision du monde, ses valeurs, comme étant la seule avenue possible, alors qu’il n’en est rien.
Un prof, un vrai, doit s’efforcer de construire un pont entre sa classe et la société dans laquelle nous vivons. Il amène peu à peu ses étudiants à devenir des citoyens engagés en les aidant à développer leur libre-arbitre, en les initiant au débat, en leur laissant la place pour s’exprimer dans les règles de l’art, mais surtout en les amenant à se positionner intelligemment plutôt que de leur imposer sa propre vision des choses. Parce qu’il est en position d’autorité, le prof de coeur ne passe pas par ses étudiants pour mettre en oeuvre ses propres idéaux, mais s’assure plutôt que chacun s’approprie le droit et le devoir de faire de sa vie une série de choix éclairés…
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