Lorsque la poupée Lammily aux mensurations réalistes a fait son entrée sur le marché, je me suis demandé pourquoi les femmes autour de moi n’étaient pas plus enthousiastes pour leurs petites filles (et leurs petits garçons). Elles étaient heureuses, certes, mais sans plus.
« Lammily ? Ben oui, c’est une bonne idée, mais les patches de cellulite, il me semble que c’est trop, non ? »
Mesdames, je sais bien que vous avez cette satanée cellulite en horreur, mais vous êtes certainement au courant que la grande majorité d’entre-nous en avons, que ça nous plaise ou non ! Elle peut être plus ou moins apparente selon notre degré d’activité physique et nos habitudes alimentaires, mais elle est bien là ! Vous pouvez faire le fameux palper-rouler tous les jours si ça vous tente (et surtout si vous avez le temps !!!), mais cela n’arrivera jamais à l’éliminer complètement. Elle s’installe à la puberté, quand nos fesses et nos hanches « poppent », comme le dit si bien ma soeur, et elle y reste. C’est notre nouvelle amie. Faut s’y faire. Mais c’est beau, des fesses et des hanches qui « poppent », non ? On devient des femmes et cela devrait être vu comme quelque chose de bien, à commencer par nous-mêmes, mais aussi et surtout par nos enfants.
Il y a tellement de filles et de femmes qui s’insurgent à propos du discours ambiant qui voudrait que les poupées Barbie et les autres jouets soient plus réalistes. Elles disent que si les petites filles ont des troubles alimentaires plus tard, si elles ne s’aiment pas, c’est la faute à leurs mamans qui, elles-mêmes, ne cessent de se plaindre qu’elles sont trop grosses, trop molles, trop vieilles, trop « toutte ». Oui oui, c’est vrai, les parents de même sexe sont des modèles puissants pour les enfants, voire les plus puissants, alors vaut mieux changer de discours et apprendre à s’aimer. C’est sûr… Mais de là à dire qu’on ne devrait pas se soucier de l’apparence des poupées que l’on met entre les mains de nos enfants… Qu’on a juste à dire à nos filles qu’on se trouve belles alors que tout autour d’elles leur crie que ce n’est pas vrai (magazines, dessins animés, stars de ciné, pubs et jouets, bien entendu), ce serait oublier l’effet « conditionnement » de la société en général.
Comme beaucoup de filles (puis de femmes), j’ai voulu correspondre à cette « beauté plastique » qui nous était montrée comme étant si attrayante. Comment penser autrement alors qu’il y avait si peu d’initiatives pour promouvoir un corps plus « naturel ». J’ai surveillé mon alimentation de manière excessive (jusqu’à la privation maladive), je suis devenue dépendante au sport à un point tel que lorsque je manquais une séance, je culpabilisais à mort, je ne me sentais pas bien si je n’étais pas fraîchement épilée de partout, etc. Et le pire, c’est que je ne m’en rendais plus compte tellement c’était encré dans mon quotidien ! Puis, j’ai rencontré quelqu’un qui m’a délicatement fait remarquer que j’étais disons, un peu intense et qu’il n’y avait rien de mal à être un peu plus « humaine ». Parce que c’est ça qu’on est, non, des humains ? Pas des objets. Pas des photos. Pas des oeuvres d’art à contempler dans leur immobilité toute puissante. On bouge, on plie, on sue, on change, on vieillit (on pue parfois aussi). C’est le signe qu’on est en vie!
Et quand on a des enfants, on est plus soucieux de l’image qu’on leur envoie, de l’exemple qu’on donne. C’est normal. Qu’est-ce que je vais dire à ma fille qui me voit faire « mon tripotage de derrière et de gras de cuisse » quotidien pour éliminer la cellulite? Parce que c’est immanquable, elle va finir par me voir le faire. Que maman perd des minutes précieuses de sa journée pour lisser sa peau de cuisse au lieu de lire, de faire du sport ou simplement de jouer avec elle ? Voilà ma fille ce que c’est d’être une femme ! C’est ce qui t’attend, puisque toi aussi, à la loterie de la vie, tu gagneras un corps imparfait à l’adolescence. À partir de là, tu devras te battre avec jusqu’à ce que mort s’en suive. Et je t’avertis, c’est un combat perdu à l’avance, puisque tu vieilliras, immanquablement. Mais c’est comme ça !
Non merci. J’ai choisi mon camp: celui des femmes humaines qui bougent, qui plient, qui suent… Et c’est bien dommage, mais la poupée qui s’inscrit dans cette perspective, et bien c’est Lammily, pas Barbie. Petite, je ne l’ai d’ailleurs jamais aimée, Barbie. Elle m’était complètement étrangère avec ses cheveux blonds (je suis plus brune que brune), son visage bariolé et son étrange rigidité. J’aimais son chien, sa moto, sa voiture, mais elle ? Pas vraiment si je suis parfaitement honnête… Peut-être si j’avais été blonde…
Quand ma puce a vu la vidéo de Lammily, elle l’a pointée en disant : « Maman ! » Bon départ pour jouer à faire semblant. On disait que les parents étaient les modèles les plus puissants ?
Sur ce, à la prochaine, car je n’ai pas fini !
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