Par Alexandra Poirier, psychoéducatrice
Avertissement : Les avis professionnels émis sur Un Autre Blogue de Maman ne remplaceront jamais une visite réelle avec un spécialiste de la santé physique ou mentale. Si vous êtes inquiets pour votre enfant, n’hésitez pas à prendre rendez-vous.
Depuis quelques semaines déjà, un conflit a éclaté entre la Russie et l’Ukraine. Peu importe l’origine du conflit, du pays touché…la guerre ébranle autant les petits que les grands. À travers ces quelques lignes, je souhaitais vous outiller sur l’accompagnement à offrir à vos enfants dans ce contexte plus que particulier!
Quand les enfants se questionnent
On entend l’état des faits à la radio ou à la télévision. Comme adulte, il est plus facile de faire le tri dans les informations reçues et ainsi utiliser nos stratégies pour réguler les émotions négatives qui peuvent surgir. On va se le dire, la situation est stressante…mais, nos capacités adaptatives nous permettent généralement de mieux gérer les débordements émotionnels qui peuvent y être associés. À moins de vivre dans une bulle vitrée, retirée de toute civilisation…nos enfants ont été exposés, de loin ou de près, au sujet qui fait toutes les manchettes.
Avant toute chose, lorsque notre enfant nous questionne en lien avec la guerre en Ukraine, je crois qu’il faut se questionner sur notre propre ressenti : quels sont mes sentiments en lien avec ce sujet? Est- ce que cela me stresse? Est-ce que je suis à l’aise d’en parler avec mon enfant?
Selon moi, il est important de se positionner face à cette situation en tant que parent pour s’assurer de ne pas transférer des émotions négatives à notre enfant. On le sait, les enfants sont des éponges lorsqu’il est question d’émotions ou de tension. Si je suis ébranlée émotionnellement par ce conflit géopolitique, il est possible que mon enfant le ressente et développe, lui aussi, un sentiment d’inquiétude, voire de l’anxiété.
- Je ne suis pas à l’aise?
Je peux demander à l’autre parent ou à une personne significative dans mon entourage de prendre un temps avec mon enfant afin de lui expliquer le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Si cela n’est pas possible, je peux prévoir un moment à la routine pour discuter avec mon enfant. De cette façon, cela nous permet de prendre un pas de recul en lien avec nos propres émotions et préparer la discussion!
« Oui, c’est vrai…on entend parler de la guerre dans les derniers jours. Qu’en dis-tu de prendre un temps demain pour que je t’explique la situation? ».
Dans le même ordre d’idées, si vous ne possédez pas la réponse à la question posée par votre enfant, nommez-le à votre enfant. Soyez transparent et authentique…et prenez le temps de trouver une réponse juste.
« Oh, c’est toute une question! sais-tu, je vais faire une petite recherche pour te donner la bonne information mon grand! ».
- Je suis à l’aise, mais je ne sais pas par où commencer.
L’important, c’est de respecter le niveau de développement de l’enfant, son âge, ses aptitudes en matière de langage et de compréhension. Il en est de même lorsqu’on aborde un sujet comme la sexualité avec l’enfant. L’utilisation de mots simples ou de situation de la vie de tous les jours peut être un bon point de départ pour les plus petits!
« La guerre, c’est 2 pays qui sont en chicane…un peu comme toi et ton frère lorsque vous voulez le même jouet! ».
Si votre enfant est âgé de 12 ans et vous questionne sur les raisons politiques du conflit entre la Russie et l’Ukraine, utilisez des mots adaptés à son âge et des explications en lien avec ses apprentissages précédents.
Aussi, si votre enfant ne vous pose pas de questions pour le moment et qu’il se semble pas perturbé, stressé ou anxieux, vaut mieux laisser aller et attendre qu’il vienne vers vous. Peut-être n’a-t-il même pas eu vent de ce conflit pour le moment. Toutefois, si l’enfant est de nature anxieuse…et que l’on questionne ses peurs après avoir vu un changement dans le quotidien par exemple, on peut valider en le questionnant directement.
Reconnaître l’anxiété de mon enfant
Pour les enfants de nature anxieuse, il est certain que la guerre qui sévit en Ukraine apporte son lot d’incertitudes. Dans cette capsule, il allait de soi de vous proposer des pistes d’observation pour reconnaître l’anxiété de votre enfant et ainsi mieux l’accompagner dans la gestion de celle-ci.
Voici quelques signes à observer si votre enfant manifeste de l’anxiété :
- Changements dans le sommeil et l’appétit.
- Manifeste des symptômes physiques tels que maux de ventre et de tête, nausées, étourdissements, vertiges, diarrhée ou inconfort abdominal.
- Présence de sensation de serrement à la poitrine, difficulté à respirer.
- Difficulté à se concentrer.
- Sentiment d’inquiétude.
- Changements dans l’humeur ou les habitudes.
- Sentiment d’irréalité ou de perte du contrôle de son corps.
- Mentionne ses peurs.
Sans être exhaustive, cette liste vous permettra d’être plus vigilant si votre enfant présente ces manifestations physiques. Ceci étant dit, une visite médicale est toujours conseillée afin d’invalider la possibilité d’un autre malaise.
Comment voir le bon côté?
Si je vous disais que le fait de vivre de l’anxiété serait positif… est-ce que vous me croiriez? Bien maîtriser, l’anxiété est saine et utile pour nos enfants! Il s’agit d’un sentiment inscrit dans nos gènes. En d’autres mots, l’anxiété fait partie de la vie de chaque être humain puisqu’elle agit à titre de mécanisme afin de nous sortir d’une situation inconfortable ou d’une impasse. Cette réaction de peur devant l’inconnu ou devant une situation nouvelle mobilise notre corps et notre esprit afin de réagir efficacement face à cette situation et nous motive ainsi à opérer un changement. Il n’est donc pas souhaitable de vouloir l’enrayer complètement! Elle nous aide à passer à l’action, à évaluer la situation, à trouver des solutions pour réagir efficacement.
Pandémie, incertitudes, changements, guerre…oui, on ne se voilera pas les yeux, lorsqu’elle devient intense, incontrôlable et qu’elle nuit au fonctionnement quotidien, l’anxiété dévoile son côté négatif…et certains troubles peuvent faire leur apparition.
Voici quelques pistes d’intervention pour accompagner votre enfant dans la gestion de son anxiété en lien avec la situation géopolitique :
- Déterminer le déclencheur de l’anxiété de votre enfant.
- Engager le dialogue avec l’enfant pour comprendre les pensées qui sont associées à la peur et aux sensations physiques.
- Confronter les pensées afin de les rendre plus réalistes.
Enfant : « J’ai peur de mourir…que le Québec soit aussi en guerre ».
Parent : « Est-ce que c’est déjà arrivé dans le passé, qu’il y avait la guerre au Québec, dans les rues ici? ». « Selon toi, quelles sont les probabilités? ».
- Renseignez-vous sur le conflit – utilisez des sources fiables afin de donner des informations valides dénuées d’opinion à l’enfant.
- Outillez-vous comme parent afin de gérer votre propre anxiété.
- Instaurez des moments de retour au calme dans la routine quotidienne – respiration consciente, méditation, dessin.
- Offrez à l’enfant des moyens d’exprimer ses émotions – cahier d’écriture, moment prévu pour discuter, intégrer l’art à son quotidien.
- Diminuez l’exposition aux écrans – le téléjournal du soir par exemple.
Il est impossible de pouvoir prévenir l’avenir, de prévoir l’imprévu…il est donc important, voire nécessaire d’outiller nos enfants à composer avec l’anxiété, à l’utiliser dans les moments où elle peut être aidante et à la désamorcer lorsqu’elle devient trop intense. Si toutefois, vous sentez que vous n’êtes plus en mesure d’accompagner votre enfant dans la gestion de ses émotions, n’hésitez pas à prendre contact avec un professionnel pour obtenir du soutien dans votre démarche.
Aussi, Pascale vous partagera sous peu une liste d’albums jeunesse pour agir ici et maintenant en développant un climat de non-violence au sein de votre famille ou en classe.
Pour rejoindre Alexandra Poirier, psychoéducatrice et consulter son site, c’est ici!
Références à explorer pour mieux comprendre le conflit entre la Russie et l’Ukraine
- Article dans Le Soleil : Le conflit entre la Russie et l’Ukraine expliqué aux enfants | Jeunesse | Le Soleil – Québec
- L’actualité à hauteur d’enfants : www.1jour1actu.com
- Un poster pour mieux comprendre les raisons de cette guerre
- Une photo décodée qui te raconte comment des Ukrainiens fuient leur pays
- Le témoignage de deux ados vivant à Toulouse, dont les mamans sont ukrainiennes
- Une BD sur Vladimir Poutine, le président russe, qui a déclenché cette guerre
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