Et si on jasait un peu…

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Bonjour à vous. Il me fait plaisir de vous retrouver après des vacances moches, moches, moches… Mis à part un 24 décembre très réussi, le reste s’est déroulé sous le thème des nez qui coulent et d’un empoisonnement alimentaire ! Bonne année ! J’ai donc étiré un peu les dites vacances avant de me réinstaller devant mon clavier. Mon sujet est donc « passé date » tout comme mes voeux de bonne année. J’étire Noël parce que j’ai l’impression de l’avoir manqué ! Mon sapin trône encore dans notre salon et les lutins sont toujours suspendus par les pieds à la rampe d’escalier.

Mais revenons à mon sujet « passé date » qui, je le crains, aura un côté un peu fadasse en ce contexte mondial houleux… Mais bon, faisons comme si nous étions le 25 décembre, autour d’une table bien garnie (de nourriture hygiéniquement comestible s’il-vous-plaît), un verre de vin à la main. C’est le temps de refaire le monde. Vous me voyez venir ? Non ? Et bien oui, je m’adresserai à vous aujourd’hui, chers enseignants de mon coeur. Car avant d’être maman à la maison, avant même de penser à avoir un enfant, de rencontrer l’homme de ma vie, j’étais enseignante. Et peut-être que je le serai encore après avoir donné un élan à ma marmaille pour affronter la vie.

C’est fou comme on ne nous prend pas au sérieux, nous, les enseignants. Je me suis longtemps demandé pourquoi. Une collègue à moi ayant 10 bonnes années d’expérience supplémentaires m’avait dit une fois :  « Tu sais, nous, les enseignants, on est un peu un genre de cheap labor. » Et nous travaillions dans un collège privé de haute réputation, c’est peu dire… Pourquoi, pourquoi alors nos élèves aux parents riches à craquer nous disaient à la blague : « Oui, mais vous, vous n’êtes qu’enseignants ! »

C’est peut-être parce que (mis à part les établissements privés) nous travaillons parfois en jeans (primaire comme secondaire). C’est vrai que le jeans, ça ne fait pas sérieux, mais s’asseoir en indien dans un coin lecture, se pencher pour ramasser des petits blocs mathématiques un peu abîmés, animer un atelier sciences dans lequel on dessine avec des fruits, ça ne donne pas envie de porter un costume de stagiaire en droit, non ? Si on veut revenir à l’aire d’avant la fameuse réforme où tout le monde était assis en rang de betteraves (plus chouette que les oignons, non ?) , peut-être pourrions-nous ressortir jupes et tailleurs assortis.

C’est peut-être parce que nous avons ces deux fameux mois de vacances à l’été. Plus Noël. Plus la relâche. C’est convenu comme argument, mais sachez que je l’entends encore trop souvent. Et on appuie sur la touche « play » : « Nos deux mois de vacances ne sont pas deux mois en réalité. Les premiers jours, on récupère. Vraiment. Car enseigner, c’est drainant. Vous êtes essoufflés après un journée complète avec vos deux enfants ? Multipliez le tout par 10 ou 15 et ce, 5 jours par semaine. Pendant 180 jours. Oui, il y a l’esprit de groupe, oui la discipline passe mieux quand on est 20 ou 30, car il y a effet d’entraînement. Mais le contraire est aussi vrai. Et nos vacances servent en partie à planifier l’année suivante…

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 C’est peut-être aussi parce que nos bureaux et nos salles de profs ressemblent davantage à des cliniques de vaccination temporaires avec mobilier de base même pas digne d’un display en solde d’IKEA. Parce que nous faisons partie de ces « fous » qui préfèrent contribuer au bien-être de nos enfants plutôt qu’à la santé de notre portefeuille…

Et maintenant, on parle d’augmenter le nombre d’élèves par classe et de prendre d’autres mesures tout aussi insensées sous prétexte que cela n’a pas donné de résultats ! Il y aurait plein de choses à dire sur l’obtention de ces fameux résultats, mais cela pourrait faire l’objet d’un autre billet en entier… Nous ne sommes pas dans une usine où A + B = C ! Les enjeux sont beaucoup plus complexes ! Il faut s’asseoir, il faut voir, il faut analyser les paramètres des milieux où ça marche et ceux où ça ne marche pas avant de couper à l’aveuglette ! Et cela va prendre du temps, car il est question de nos enfants ici ! Mais peut-être le gouvernement a-t-il oublié qu’il allait jouer dans le coeur de notre société ? Dans ce qu’elle a de plus important…

À force de faire rire de nous, ne reste plus qu’à rire à notre tour,  puisque tout ceci n’est qu’une farce. Mot de la fin demain, car s’apitoyer sur son sort (même quand c’est nécessaire) me fait sentir un peu minable, comme si ce n’était pas assez…

Je vous laisse avec « Bref, je suis un prof ». Certains croient que cette vidéo est exagérée alors que je trouve que cette enseignante a la chance d’avoir de bons élèves ! :

https://www.youtube.com/watch?v=A6qDGUqG_N4

 

Pascale Clavel