La cupabilité de n’être « qu’une mère »

sex and the city photo

Parmi les articles de Châtelaine les plus lus en 2015, celui de Geneviève Pettersen J’avais tout m’est rentré dedans sans ménagement.

Pourquoi? Parce que cette femme semblait s’être battu avec l’envers de mon démon, son terrible opposé: celui de tout vouloir accomplir comme femme, carrière comme famille, en croyant que l’on peut performer dans tous les domaines à la fois.

De mon côté, j’ai décidé de rester à la maison pour mieux voir grandir mes enfants. J’ai volontairement choisi de ne pas tout avoir.  Mais que dit-on, déjà? « Choisir (partir?), c’est mourir un peu »? C’est vrai. J’ai tué la carriériste en moi, j’ai assassiné l’ambitieuse, avide de performance, vouée à un brillant avenir professionnel. Patlow!

J’ai planché à l’école, puis à l’université, j’ai « sorti » une maîtrise de mes « entrailles cérébrales »,  un beau papier que l’on expose, que l’on se doit d’honorer pour ne pas perdre la face. Eh bien oui, aujourd’hui, je perds la face… Je m’efface, je me remplace. Pas pour toujours, mais…

« Pourquoi tu fais ça? », que je me demande parfois, en posant la tête sur l’oreiller le soir. Probablement pour les mêmes raisons que l’ambitieuse se jette dans le travail : pour ne pas avoir l’impression d’avoir raté sa vie quand ce sera la fin, quand il n’y aura plus de devant et que du derrière…

Et puis oui, j’ai vraiment l’impression d’avoir pris la bonne décision, celle qui me convient à moi, (« I chose my choice! », qu’hurlait Charlotte dans Sex and the City) il faut s’entendre, mais parfois, parfois, je vois l’ombre de la pression sociale planer au-dessus de moi, je la vois qui s’essaye… J’aimerais ça, moi aussi, avoir une belle étiquette de femme parfaite! Un poste alléchant ET une famille de carte postale (ou sa version moderne nommée Instagram); une belle tête remplie de savoirs qui servent, qu’on rentabilise ET une santé de fer, un corps d’athlète…

À quand remonte cette obligation d’être partout à la fois, cette omniprésence nécessaire qui nous élève au rang de véritables déesses, d’alléchants profils facebook ambulants?

Mais ce qu’on oublie lorsque l’on se laisse tenter par cette assiette gargantuesque, quand l’on cède à ce genre de gloutonnerie, c’est que tout ceci n’est que méprise! Tôt ou tard, on finira par avoir la nausée, étourdies et prises au piège dans ce tourbillon incessant!

Ne reste plus qu’à déterminer nos priorités. À « bien choisir nos choix », comme disait l’autre. Et à s’y accrocher. Parfois, cela veut dire de se lancer la balle pour un petit bout de temps… Cette fois-ci, c’est à toi de briller professionnellement. « C’est à ton tour, mon chéri, de te laisser parler d’amour! » Beaucoup se réalisent dans le temps partiel, ou certaines, comme moi, s’épanouissent à travers leur art, chose qu’elles n’auraient jamais pu faire si elles avaient écouté leur petite voix de carriériste intérieure… Il y a des réalisations qui n’apparaissent pas sur un chèque de paye. Encore faut-il avoir l’âme un peu bohème… la plupart du temps.

 

Pascale Clavel
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2 réflexions sur “La cupabilité de n’être « qu’une mère »

  1. Marie -Helene dit :

    Comme elle est sensée ta réflexion et oui comme la pression sociale nous impose des clichés et des obligations.Fi les pressions tu dois vivre tes choix de vie ou les obstacles de ta vie comme toi tu le décides car c’est toi qui 24h/24 te regarde dans le miroir.
    Comme je comprends l’appréhension et les doutes qui traînent dans ta tête, pour le vivre d’une certaine façon depuis 24 et demi suite à une dépression majeure.
    Ça aussi ça ne rentre pas dans un choix de carrière reconnu par la société!

    • Pascale Clavel dit :

      Ce que j’aime dans ce que tu dis, c’est le fait de bien vivre avec soi-même en acceptant ses choix, oui, mais aussi ses limites. À mon avis, ça reste le plus difficile à faire… Bien se connaître et se respecter soi-même, c’est la clé et je pense qu’au fond, c’est ça, la réussite, non?

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