Voici donc mon fameux mot de la fin en ce qui concerne l’article « The collapse of parenting : Why it’s time for parents to grow up » écrit par Cathy Gulli et publié dans le magazine canadien Maclean’s. Sa traduction française intitulée « Le déclin de l’autorité parentale: pourquoi les parents doivent devenir adultes » servira à nouveau de référence ici.
En fait, ce que je désirais partager avec vous, pour terminer, c’est cet inconfort qui m’habite quand un auteur comme le Dr. Sax affirme que le retour à la hiérarchie parentale est « impératif ». Pourtant, si les méthodes éducatives dites « modernes » sont employées adéquatement, elles sont assez efficaces (si je me mets mon chapeau de parent, mais aussi celui de prof…)
Et puis, petite confidence en passant, je ne me sens pas du tout apte à retourner à la hiérarchie traditionnelle, à un style autoritaire qui supposerait que mon enfant m’écoute simplement « parce que je suis sa mère ». Il est vrai que ça fait rêver, rien que de l’écrire! Aaaah… il me semble que ça serait tellement plus simple, tellement plus rapide! C’est presque magique, quand on y pense!
Mais, j’ai comme un petit malaise, moi, à m’asseoir sur une sorte de pouvoir gratuit de chef de clan. Je sais que, pour certains, ça semble facile, mais, pas pour moi, parce que :
- Si jamais l’intervention autoritaire échoue (ce qui peut quand même arriver, car les enfants restent des enfants!), que fait-on? On répète ? Et si ça ne marche pas, on parle plus fort? On crie? On oblige l’enfant à faire ce qu’on lui demande de force? Bref, on est devant une impasse et j’ai horreur d’être à court de ressources lorsque j’interviens avec mes enfants. L’approche démocratique m’offre plus de latitude pour agir et je me sens davantage en contrôle, même si cela peut paraître bizarre… Je peux offrir un choix (un petit!) à mon coco, lui parler pour l’inciter à identifier les émotions qui l’habitent afin de désamorcer une crise, je peux décider de me retirer pour me refroidir le presto, je peux demander à mon enfant de prendre lui-même un grand respir, je peux me « challenger » moi, en tentant de voir quel est son besoin qui se cache derrière un comportement désagréable, je peux utiliser l’humour, le jeu, le renforcement positif, les tites-étoiles brillantes sur un tableau, les cartons-privilèges, alouette!
- Une intervention autoritaire peut être efficace, c’est vrai. Ça peut l’être même beaucoup plus dans l’immédiat, mais j’ai l’mpression que ça nécessite d’avoir une sorte de « physique de l’emploi », une posture de dominant qui impressionne, voire, qui fait un peu peur. Je préfère être considérée comme une figure plus humaine, une personne ouverte à la communication (pas à la négociation qui n’en finit plus, attention!) Je souhaite que mes enfants connaissent les limites, certes, mais qu’ils puissent pouvoir me parler en cas de besoin, surtout à l’adolescence…
Je sais bien, que, des fois, l’approche autoritaire, c’est ce qui sort de nos tripes en premier. Surtout quand il est question de sécurité, quand on est coincés dans le temps, quand on est aux prises avec des émotions très vives… On est à même de juger et, surtout, on est humains, après tout! Toutefois, je préfère lui apposer une étiquette de « dernier-recours-pour-situation-désespérée-et-cas-très-très-compliqués » plutôt que de la voir comme une option valable, beau temps, mauvais temps. Est-ce que j’y arrive toujours? Non! Est-ce une raison pour se jeter en bas d’un pont? Encore moins, car, pour ça, je suis bien en accord avec l’article, on doit voir ces moments-là comme des occasions d’apprendre, de se mettre au défi! Ah, que c’est beau, que c’est noble, la fibre de pédagogue! Mais c’est tellement plus facile avec les enfants des autres qu’avec notre petit paquet d’amour telllllement fragile (qu’on a eu donc peur d’échapper, de cabosser, d’égratigner quand il était bébé), parole de prof!
Gros contrat! Oui, je sais. Je dois avouer que c’est bien plus difficile que de demander d’écouter « parce que bon, c’est ça qui est ça! » Et n’est-ce pas bien plus « adulte », cher Dr. Sax de faire dans la maîtrise de soi, dans l’évaluation de la situation et de ses enjeux, de demeurer ferme même si c’est plus long et qu’on a moins le temps plutôt que de faire dans l’exigence imposée et la parole sacrée?
Lorsque j’ai écrit cette série de billets, je ne pouvais m’empêcher de penser à Ryley, la petite fille du film Inside out, de Disney (un vrai petit bijou!) Les parents de Ryley ne sont pas parfaits, mais ils ont su créer un espace familial où l’on peut exprimer ses émotions, les » bonnes » comme les « mauvaises ». Il n’y a pas à dire, quand je vois Colère exploser ou Tristesse submerger Ryley, c’est vraiment la Joie!
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je trouve cette article vraiment intéressant,je suis très heureuse de ta conclusion.j’ai moi-même été victime (30 ans plus tard on peux le dire ainsi) du comportement parentale extrêmement sévère.ce que j’ai eu le courage de ne pas répéter a mon tour,parce que disons le, faire confiance a l’intelligence de notre enfant,de négocier et de faire preuve de pédagogie et de psychologie,de démontrer plus d’amour que d’autorité; est plus d’ouvrage pour le parent,mais le résultat sur l’enfant devenu adulte est très gratifiant.et très différent.n’oublions pas qu’un enfant soumis,peut le rester toute ça vie ou bien devenir a son tour un tyran révolté,mais cela est un autre sujet !
Merci, Nath. Ce qui m’interpelle dans ce que tu dis, c’est le mot « confiance ». Oui, j’aime penser que faire confiance, ça s’apprend et ça se construit, dans un sens, comme dans l’autre! Et quoi de mieux qu’un climat familial rempli d’humanité et d’ouverture pour que ceci soit possible! Du moins, j’y travaille!