Plusieurs écoles ne souligneront pas la fête de l’Halloween cette année. Il semble que ce soit vraiment important, puisque les réseaux sociaux regorgent de témoignages d’enseignants qui nous font part du mécontentement des parents. Pas tous, mais plusieurs… Certains disent que ces parents sont un peu trop choyés dans la vie et qu’ils sont incapables de voir plus loin que leur petit confort, que leur petite vie bourgeoise “toute équipée”…
Oui, c’est vrai, à première vue, ça ressemble pas mal à ça. C’est infantile, comme réaction. Ça frôle pas mal le chiâlage de fonction quand on t’enlève un bonbon. On a tous le droit de le faire… intérieurement, avant de passer à autre chose! Surtout dans un tel contexte de coupures! Surtout quand la profession enseignante connaît des jours aussi sombres! Mais au delà des apparences, il y a plus, non? Pourquoi tant d’agitation, pourquoi tant d’importance accordée à une simple fête qui sera soulignée dès le lendemain en dehors des murs de l’école? Pourquoi cette même école devrait-elle soudainement être investie de la mission de célébrer Madame Citrouille à la puissance 10 cette année? Pensez-y!
Cela me rappelle trop le “scandale des cocos de Pâques” de Laval… Vous vous souvenez, lorsque la ville avait organisé une chasse aux oeufs durant le week-end? On avait frôlé l’émeute parce qu’il n’y avait pas eu assez d’oeufs pour répondre à la demande! Des parents avaient même dit à leurs enfants de traverser la ligne de départ avant tout le monde pour être sûrs qu’ils ne repartent pas les mains vides! Quand ta vision d’une fête réussie, c’est un misérable Kinder Surprise dont la collecte s’apparente pas mal au vol à l’étalage sur l’échelle du civisme, c’est assez ordinaire merci!
J’ai la ferme impression que l’école publique, comme tout service jugé collectif, est devenue un bien de consommation, un genre de package deal que l’on “achète” dès que l’enfant y est inscrit. On veut ce qu’il y a de mieux, on entretient des attentes de “client qui a toujours raison”. La machine à sundaes est en panne? On veut quand même notre ti-dessert; on a droit à notre chausson aux pommes! Je peux comprendre qu’une telle attitude tende à faire surface dans le secteur privé. Ça n’est pas plus souhaitable, soit dit en passant… Mais au public?
À force de tout remettre entre les mains d’un tiers (entretien de la maison, tonte de gazon, gestion des chaudrons), certaines personnes, parmi les mieux nantis d’entre nous, sont-elles en train de remettre entre les mains des enseignants la responsabilité du bonheur de leurs rejetons? Parce qu’il faut quand même être réalistes, l’Halloween à l’école, c’est de l’extra, du bonbon!
Quoi qu’il en soit, peu importe la santé de notre portefeuille, une telle agitation est peut-être aussi le symptome d’un mal bien plus grand? Que ce soit par essoufflement ou par désengagement (et parfois les deux!), le résultat est le même: on attend (on espère?) que d’autres donnent à nos enfants ce que l’on peine à leur donner nous-mêmes : du temps? Une bonne dose d’instant présent plutôt qu’une course folle par en avant?
Oui, je sais, c’est pas toujours si simple. Il faut revisiter nos priorités…
Certains parents ont fait le choix d’organiser eux-mêmes une danse d’Halloween à l’école de leurs enfants. À défaut de ne pas avoir consacré mes 574 mots à ces parents-là aujourd’hui, je n’en utiliserai qu’un seul pour exprimer le fond de ma pensée : Merci! ( À la puissance 10.)
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