L’instant présent des tout-petits…

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La prof en moi ne peut s’empêcher de renaître lorsque je m’occupe de ma princesse. Et la mère en moi refait surface lorsque je suis en mode prof. Je n’ai pas recommencé à enseigner systématiquemnt, mais quand j’ai affaire à un groupe d’enfants, je redeviens Madame Pascale dans ma classe de première année.

Avec tout ce qui se passe dans le monde de l’enseignement depuis les dernières semaines, je suis devenue plus sensible à certains propos. Prof un jour, prof toujours ! On n’y peut rien. Je vois rouge, je m’emporte intérieurement. J’ai même envie de crier à certains qu’ils ne savent pas de quoi ils parlent, puisqu’ils ne se sont jamais retrouvés devant un groupe de 20 tout-petits qui passent leur temps à perdre leurs crayons, leurs effaces, leurs mitaines, leurs dents… Et qui s’étouffent parfois avec leurs quartiers d’orange pendant la collation! Notez ici la tranche de vie.

Au même titre que je ne pouvais me substituer aux mamans de mes élèves lorsque je n’avais pas d’enfant, je tolère de moins en moins les gens qui pensent tout savoir simplement parce qu’ils ont eu des enfants. Encore pire pour ceux qui n’en ont pas! Oups ! Je l’ai dit. On ne s’improvise pas prof au primaire du jour au lendemain ! Nous n’avons pas fait 4 années de psychologie de l’enfance et de didactique pour se faire remplacer au pied levé par n’importe quelle personne qui “aime les enfants”, aussi généreuse et incroyable maman (ou papa) soit-elle !

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Alors, quand j’entends qu’au primaire, c’est facile d’enseigner, qu’on joue toute la journée et qu’on a peu de correction, qu’on finit tôt, vous imaginez la suite… Va pour la correction, surtout depuis que je suis prof de français au secondaire, c’est assez débile-mental merci, si vous me permettez ce jargon adolescent criant les années 90. SAUF QUE, lorsqu’on enseigne en première année, ce qui prend du temps, c’est la planification. Pourquoi ? Parce qu’il est tout à fait suicidaire de penser qu’on peut arriver en classe le matin et improviser. “Au pire, je vais les mettre en jeux libres”, qu’on se dit, quand on n’a vraiment pas le choix. Ha ! Ha ! (Notez le rire forcé ici présent.) Faites-le et vous rentrerez chez vous en pleurant votre vie. La prochaine fois, vous vous organiserez pour avoir le choix! Les jeux libres, c’est bien pour un vendredi après-midi, fin de journée. Un gros 30 minutes…

Il faut savoir que les tout-petits vivent dans l’instant présent et que c’est avec ce constat qu’il faut travailler et penser notre journée. 20-30 minutes à la fois, parfois moins. Et il ne faut pas manquer notre coup, parce que ces 20 minutes ne reviendront pas. Les enfants passeront à autre chose et à force d’accumuler les 20 minutes ratées, on aboutit à une journée médiocre. Et là, c’est fichu! On a mal fait notre travail. Mais pourquoi?, direz-vous, puisqu’ils ne s’en souviendront pas le lendemain ! Oui, c’est vrai, les jeunes enfants semblent parfois avoir une mémoire de poisson rouge (sans méchanceté aucune). Cette fameuse fois où vous avez passé votre temps à leur courir après et à vous égosiller pour maîtriser ces 21 petits bouts d’énergie hors de contrôle lors de votre journée mal planifiée, ils ne s’en souviendront pas. Par contre, vous, vous vous en souviendrez !

Toutefois, ils se souviendront d’avoir été heureux lors de leur première année. Ils se souviendront du lien de confiance qu’ils auront tissé avec vous, la prof, un visage positif d’adulte. Ils se rappelleront le climat agréable dans la classe, sa couleur soleil et non gris-souris. Et c’est sans compter que vous aurez mis dans leur mignonne petite tête la base d’apprentissages aussi importants que lire et écrire, savoirs-faire qui les accompagneront toute leur vie…

À SUIVRE…

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Pascale Clavel
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