Chère amour de mon coeur,
C’est ta maman qui t’écris aujourd’hui. Peut-être que je te donnerai cette lettre quand tu auras 18 ans, ou peut-être quand tu auras toi-même des enfants (je pense que c’est plus prudent!). Ou jamais?
C’est que, vois-tu, j’ai une confession à te faire…. Plusieurs, en fait. Tu sais, tout ce que je te raconte sur ce qu’il faut faire, ne pas faire, la politesse, ce qui est oui, ce qui est non, la santé, le partage… Eh bien, des fois, je ne fais pas toujours ce que je dis!
Je m’appuie sur cette idée que moi, je suis une adulte bien « terminée » (pour ne pas dire « finie »), alors que toi, tu es encore, comment dire? En formation? À lire : je suis une cause désespérée alors que tu n’es encore qu’un tout petit bourgeon d’espoir qui renferme à lui seul tout le potentiel nécessaire pour devenir un être humain merveilleux et côtoyable!
Je sais, c’est pathétique comme excuse, mais je suis ta mère et je suis programmée pour te décevoir un jour… Du moins, c’est ce que j’ai entendu dire. Paraît-il que ça fait même partie de la saine émancipation-séparation-anti-Tangy des enfants… Ne me remercie pas, c’est donc pour ton bien que j’ai écrit ce qui suit.
Voici la liste des 5 choses que moi, ta propre mère, je fais quand tu n’es pas là (et qui risquent de déclencher une série de faces indignées quand tu les liras):
1- Quand tu dors, parfois, je mange du chocolat en cachette. Ou du gâteau, ou de la crème glacée ou des jujubes en forme de nounours. Oui, oui. Même si on est la semaine, même si on en a mangés pas plus tard qu’hier! Et il se pourrait, à tout hasard, que j’aie également caché une partie de tes bonbons d’Halloween et de tes ti-lapins de Pâques sans que tu t’en aperçoives. C’était pour t’éviter l’overdose, tu comprends? Juste d’imaginer tout ce sucre dans ton petit système de débutant, bien, ça me faisait capoter! Parce que, pour devenir un corps à vidange digne de mention, bien, ça prend de l’expérience, tu vois? J’ai fait ça la nuit aussi, évidemment. Si tu savais combien j’ai effectué de missons-commando-dans-le-noir comme ça…
2- Quand je te dis de ne pas crier, de parler doucement, c’est vrai! Mais il m’arrive parfois, en voiture, de crier toute seule (peut-être que ça ne compte pas???). Après un monsieur qui me pousse dan’l petteux pour aucune bonne raison! Après une madame dans une auto verte pis un collant de Hello Kitty sur sa vitre arrière qui m’a dit en gesticulant à travers son pare-brise : « Tu conduis maaaaal!!! » Un, je n’étais pas dans le tort (enfin, je pense…) et deux, des réactions intenses comme ça avant mon premier café, c’est comme une sorte de catalyseur qui crée instantanément une explosion de gros mots méchants dans mon petit cœur qui n’a rien demandé, O.K.!!
3-Il se peut, que, des fois, je ne me sois pas brossé les dents TOUS les soirs avant d’aller me coucher. « Arrrrrk! Dégeû! », que tu vas me dire. Ben oui, je sais. Mais dis-toi que ce n’était seulement que dans des situations exceptionnelles où j’étais hyper fatiguée et où je finissais des trucs de boulot de grandes personnes (que je croyais importants). Mais ce n’était pas si pire, tu sais, puisque que je dissimulais mon délit derrière un écran odorant de Listerine menthe glacée… Le camouflage de paresse mal placée, bien, c’est toujours mieux que rien!
4- En ce qui concerne le partage, eh bien tout ce que je t’ai dit est aussi vrai. C’est important de partager ses jouets, ses crayons, ses gugusses, sa bonne humeur, mais… ça dépend des circonstances… et de tes prédispositions à « donner » dans ta journée. Prends ta mère, par exemple. J’ai partagé avec toi mon sourire, mon cornet de crème glacée (parce que tout le monde sait que, celui de maman, il est bien meilleur!), mes genoux (puisque c’était toujours là que tu atterrissais, mon petit duck tape d’amour!), etc. Alors, quand venait le temps de le faire avec les autres, j’avais un peu moins de réserve, merci! Il m’est donc arrivé, parfois, de jubiler intérieurement dans une maison vide de chez vide, bien effouarée sur le divan (ou pire, sous la couette!) en buvant du thé dans une tasse qui fait chic » et en pensant: « Maudit que chus ben toute seule! »
5- Quant à ma phrase célèbre : « Il faut toujours écouter ses parents, parce qu’ils savent ce qui est bien pour toi! », eh bien, je te confirme aujourd’hui que je n’écoute plus mamie et papi depuis longtemps! Elle a une date de péremption, cette phrase-là! Je ne peux te la donner, car c’est toi qui va la découvrir. C’est comme un appel, un genre de feeling intérieur à saveur d’assurance/confiance/liberté, une boule de conviction qui monte en faisant des steppettes dans ta cage thoracique! C’est une voix qui te dit que, maintenant, la seule personne qui est parfaitement capable de savoir ce qui est bon pour toi, bien, c’est TOI!
Alors, tout compte fait, tu peux la garder, cette lettre… ou pas! Parce que, maintenant, c’est toi qui le sais, tsé!
Je t’aime,
De ta maman indigne et impitoyablement imparfaite
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Très vrai