Par Jessica Rousseau de MamanÉducatrucs
Les enfants se plient à un grand nombre de règles. Même si pour plusieurs de ces règles, la plupart des parents sont inflexibles, il n’en reste pas moins, qu’un jour ou l’autre, c’est normal que l’enfant veuille défier l’autorité.
Quand j’étais plus jeune, ça m’insultait qu’on me dise que j’étais le portrait de ma mère. Je voulais être MOI. Je cherchais à faire ressortir nos différences. Et si à l’adolescence je me rebellais, c’était pour ressentir que JE décidais des règles de MA vie. Parce qu’en défiant ce qu’on m’imposait, je cherchais à trouver ma propre voie.
En effet, c’est entre autre en s’affirmant, en argumentant et en s’opposant aux différentes figures d’autorité que l’enfant découvre ce qui le distingue des autres et qu’il forgera sa propre personnalité.
Défier l’autorité : les tout-petits
Même si l’argumentation est surtout un comportement rencontré chez les préados et les ados, les parents peuvent aussi y être confrontés avec leurs tout-petits.
Vers 3-4 ans, il est plus facile pour l’enfant de dire ce qu’il veut et ne veut pas. Nécessairement, il peut se mettre à répondre, à argumenter et à insister.
De plus, il observe de mieux en mieux les différences avec sa fratrie et même par rapport à ses parents. Autrement dit, il se peut qu’il conteste le fait que son frère puisse se coucher plus tard et que ses parents écoutent un film en soirée.
Aussi, il faut avouer qu’il y a une question de tempérament. Certains enfants auront des périodes rebelles passagères tandis que pour certains autres, ce sera leur nature à l’année longue. Il en va de soi qu’un enfant plus impulsif, hypersensible et extravertie aura davantage tendance à faire entendre ses désaccords, à négocier et à s’opposer. À l’inverse, un enfant plus calme, docile et timide défiera moins l’autorité.
Finalement, le besoin d’obtenir du contrôle, du pouvoir, de l’autonomie et de la liberté prendra de plus en plus d’importance. En ce sens, les règles devront évoluer en fonction de l’enfant qui grandit.
Il est normal qu’un enfant de 3 ans nous tienne la main dans les lieux achalandés.
Cependant, il est tout aussi normal qu’à l’âge de 6-7 ans, il ne veuille que marcher près de nous.
En adaptant nos règles, l’enfant ressent qu’on le reconnaît, qu’on lui fait confiance et qu’on lui remet du pouvoir. À l’inverse, en conservant des règles trop rigides pour son âge, il ressentira des frustrations et cherchera à négocier.
Défier l’autorité : les préados et les ados
Ce ne sont plus seulement des enfants qu’on peut « commander » ou envoyer à leur chambre quand ça ne va plus. Pour les parents, la discipline peut devenir plus difficile on doit se réajuster. Bien sûr, en ayant mis en place de bons piliers durant la petite enfance, la relation avec vos ados sera peut-être plus favorable. Mais, malgré cela, c’est naturel : les ados chercheront à s’affirmer. Et si, ça peut devenir exaspérant, ça leur servira bien d’apprendre à exprimer leur opinion, à argumenter et à tenir leur bout.
Mais, si on continue de leur offrir un encadrement, il faudra trouver l’équilibre entre encadrer sans brimer. Plus que jamais, notre lien affectif est à préserver, car on sait bien qu’en plein cœur de l’adolescence, on aura besoin de ce lien de confiance pour communiquer avec le jeune.
Vous n’êtes pas pour autant leur ami. Vous êtes un parent et c’est ce dont ils ont besoin.
Il y aura donc des points importants à mettre au clair.
Si certaines choses peuvent être discutables ou négociées, d’autres ne le sont pas.
- Mettez au clair les règles LES PLUS IMPORTANTES. Celles du quotidien (la routine, les heures d’entrée et de sortie, les devoirs, les repas en famille, les tâches, etc.)
- Limitez le nombre de règles. Concentrez-vous sur ce qui est en lien avec vos principales valeurs. Pour des ados, on peut penser à des règles en lien avec le respect, le sens des responsabilités, l’honnêteté, la persévérance, etc.
- Donnez un sens aux règles. Pourquoi est-ce important? Quel serait l’impact si nous n’intervenions jamais en lien avec cette règle? Tu souperais toujours dans ta chambre devant ton ordi? Nous serions inquiets de ne pas savoir où tu es? Tu serais trop fatigué pour avoir de bonnes journées à l’école? Etc. Sans en faire un monologue, on DISCUTE. À lui, la parole.
- Faites-le choisir une liste de conséquences. Ça doit venir de lui. Retrait d’un privilège? Heure de coucher plus tôt? Extension de la période de devoirs?
- On se fait un contrat. On écrit les règles et conséquences et on signe le contrat familial. Autant l’enfant que le parent aura des engagements à respecter.
Pistes d’intervention pour contourner la résistance
Adaptez les stratégies en fonction de l’âge de l’enfant, de son tempérament et de son niveau de maturité.
Multiplier les choix. Tu préfères manger des céréales ou un muffin? Tu préfères jouer plus longtemps dans le bain ou avoir une histoire? Tu veux faire tes devoirs ce soir et être libéré samedi ou tu préfères les garder pour samedi? Tu ranges ta chambre avant de partir ou en rentrant de l’école?
L’impliquer dans des décisions. Demandez-lui son opinion. Faites-lui savoir que ses intérêts et ses émotions comptent. Il ne s’agit pas de lui donner nécessairement raison, mais de le consulter lorsque cela est possible. « Qu’est-ce que tu en pense toi? Tu as une idée? J’aimerais que tu m’aides à choisir? »
Valorisez-le. Utilisez ses forces plutôt que de le critiquer. Mettez-le dans l’action en le faisant ressentir utile et important. Il cherche la guerre avec son frère et vous lui tombez dessus sans cesse alors que vous essayez de préparer le souper. Eh bien… « J’ai besoin de toi! Toi, t’es tellement bon pour faire de belles salades. C’est toi le chef de la salade! Qu’est-ce tu veux mettre dedans? »
Privilégiez les conséquences naturelles pour le responsabiliser et laissez-le vivre les conséquences de ses choix. Plutôt que de rechercher des retraits de privilèges ou d’annoncer une « punition » à toutes occasions, essayez de le laisser vivre l’impact de ses choix. « Tu refuses de manger, c’est correct, mais tu attendras le prochain repas. » « Tu n’as pas fait tes devoirs, tu t’expliqueras avec ton professeur. »
Utilisez les « SOIT ». Évitez de formuler avec des « si » et des « sinon » qui annoncent souvent des « menaces ». Apprenez-lui plutôt à faire des choix et encore une fois, laissez-le assumer. Il se positionnera différemment. « Soit tu fais ton ménage de chambre ce soir et demain, tu auras le temps de faire ta sortie, soit tu attends à demain et tu n’auras plus de temps pour sortir. » « Soit tu brosses tes dents tout de suite et on fait notre histoire, soit tu niaises et il n’y aura plus de temps pour l’histoire dans le lit. »
Utilisez le compromis. Avant de réagir trop vite, il y a souvent plusieurs points avec lesquelles il est possible d’échanger et d’accepter un compromis. Sans céder sur les règles essentielles, on s’ouvre aux échanges qui permettent à l’enfant de partager son point de vue et de fournir des solutions acceptables. « Très bien, c’est un compromis raisonnable. Tu feras plus de devoirs ce soir et demain tu pourras sortir un peu plus longtemps. »
Donnez-lui des responsabilités. Il n’en tient qu’à lui de démontrer que pour assouplir certaines règles, il devra faire ses preuves. « J’accepte de te laisser ta chance. Tu peux venir dîner à la maison plutôt qu’au service de garde. On va écrire ensemble les règles de sécurité. Si ça va bien, tu pourras peut-être venir dîner plus souvent. »
Parler sans ordonner. Si avec les tout-petits on est plus directif, on porte quand même attention à notre ton pour demeurer respectueux et bienveillant. Avec les préados et les ados, on opte davantage pour des échanges en lui donnant un peu plus d’explications et en faisant preuve d’empathie. « Je comprends que tu veuilles aller à cette soirée et que certains de tes amis ont la permission d’y aller, mais nous avons pris notre décision. Il n’y aura aucun parent pour vous superviser. Ce n’est pas non pour toujours, mais cette fois, c’est non.»
Laissez passer la tempête. Il est normal que les enfants réagissent à la discipline, petits ou grands, mais il ne faut pas tomber dans les pièges qu’il vous tendra. Accordez-lui un moment pour « redescendre » de sa colère. Vous pouvez couper l’interaction en changeant de pièce, en poursuivant vos tâches et sans trop réagir à ce qu’il dit. Il pourra tenter de vous dire des paroles blessantes, n’y accordez pas trop d’importance. Y répondre par d’autres arguments lui donnera de nouvelles opportunités d’insister. Ne l’alimentez pas. Vous en reparlerez dans le calme.
Jouez au perroquet. Au besoin, faites seulement lui répéter tel un perroquet et de manière neutre la consigne ou la règle. Si ça dégénère en impolitesse grave et qu’il vous est impossible d’en faire abstraction, on met de côté la première règle et on le prévient de ses nouveaux choix. Soit il se reprend et ça finit là, soit il continue comme ça et il aura une conséquence pour son impolitesse. Au besoin, rappelez-lui seulement qu’il ne sert à rien d’insister, la décision est prise, peu importe ce qu’il ajoutera.
Fermeté sans rigidité. Si on ne veut pas céder, il ne faut pas non plus devenir agressif ou fermé à toutes discussions. On garde un canal de communication. Il faut seulement apprendre quand il est bon de discuter et quand il est bon d’y mettre fin. L’enfant a le droit de vous dire son désaccord, mais un moment donné, il y a une marge entre s’exprimer en passant ensuite à autre chose et s’acharner par tous les moyens.
Croyez-y. Si on veut être pris au sérieux, on doit nous même y croire. Notre volonté de ne pas céder doit être clair. Il doit ressentir que la règle est non négociable et qu’il ne sert plus à rien d’insister. Adopter un ton et une posture confiante et convaincante. Certains parents l’ont naturellement. Pour d’autres, c’est un travail sur soi-même qui s’apprend. Bien sûr, la constance et la cohérence sont de mise. S’il sait qu’il a l’habitude de vous avoir à l’usure, il continuera les fois suivantes.
Gardez en tête que vous savez ce qui est bon pour lui. S’il peut vous répliquez que vous ne le comprenez pas, que vous ne l’écoutez jamais, que vous êtes méchante… Vous êtes l’adulte. Pas son ami. Vous avez le rôle de veiller à sa sécurité et à son bien-être, même si, par moments, cela lui déplaît. Votre enfant ne vous aimera pas moins.
Soyez un bon modèle.
Les enfants développent souvent des qualités en lien avec nos propres forces, mais il en va de même pour nos défauts. Faisons attention à l’image que nous leur offrons. Si nous-même nous réagissons impulsivement ou argumentons fréquemment avec notre entourage, l’enfant nous imitera. Il est bon aussi d’avoir assez d’introspection pour observer la manière dont on interagit au quotidien autant avec nos enfants qu’avec notre partenaire.
Un jour, ça lui servira bien!
S’il est un tout-petit fougueux ou un ado entêté, c’est peut-être plus difficile à gérer comme parent, mais un jour ça lui servira bien. Un jour, il sera celui qu’on reconnaîtra pour sa belle énergie, son leadership, sa communication remarquable, sa persévérance et son implication.
Jessica Rousseau, MamanÉducatrucs
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