Malgré les caprices de dame Nature, j’ai enfin réussi à voir la pièce « Je suis William » à la Maison Théâtre. Bien que je n’ai que très peu de temps devant moi, donc très peu de mots pour vous parler de cette production époustouflante du Théâtre le clou, je vais tenter d’aller à l’essentiel afin que vous profitiez de ce dernier week-end de représentations. À lire : hâtez-vous si vous souhaitez vous procurer des billets!
Je dois d’abord vous avouer que mes attentes étaient grandes, puisque bon, Shekespeare, quelle légende! J’avais en tête son Roméo et sa Juliette, ainsi que des bribes d’images issues des productions cinématographiques d’envergure empreintes de romantisme et de tragédie qui donnent des frissons.
Alors… lorsque la pièce a commencé avec un slam où le narrateur nous donnait les grandes lignes de l’histoire qui allait se jouer sous nos yeux, j’ai disons été, surprise… Déstabilisée? Je savais que la pièce s’adressait aux adolescents (10 à 14 ans) et mes sorties au théâtre avec mes élèves du secondaire m’avaient habituée à ce genre de production où l’on tente de s’adapter au jeune public, mais j’avais hâte de voir le ton qu’allaient emprunter les personnages à la suite de cette présentation rythmée et colorée, pimentée ici et là de mots et d’expressions appartenant au jargon adolescent…
Je n’ai pas été déçue. Une fois le narrateur disparu, on nous plonge dans l’univers familial des Shekespeare, dans une fiction voulant que le talentueux auteur ait une sœur jumelle… Le cerveau, c’est elle! Lui, c’est l’acteur, le comédien qui rêve se produire sur scène et qui peine à s’exprimer correctement en faisant, ça et là, des erreurs de conjugaison et des remaniements d’expressions courantes complètement farfelues.
Parmi mes préférées, notons :
« Si je pouvais te sauver, je le fasserais (je le ferais)! » Et : » J’ai toujours rêvé de brûler le plancher (de brûler les planches). »
Il s’agit aussi d’une pièce de type comédie musicale où les personnages poussent la chansonnette à tout moment, mais ceci est divinement bien fait et bien dosé, de sorte que l’on sourcille à peine à chaque nouveau morceau. En fait, on les attend presque, ces moments tout en musique!
Le message transmis se veut percutant : les hommes et les femmes n’ont pas à se conformer à des stéréotypes sexuels comme à l’époque de Shekespeare… En effet, la pauvre Margaret ( la sœur jumelle du jeune William) est constamment appelée à se taire et ses congénères féminins qui osent démontrer en public leur capacité à lire ou à écrire sont vite reléguées au rang des sorcières dignes d’être pendues ou noyées. Ce côté tragique, on le sent bien, malgré tout l’humour nécessaire à ce type de production pour adolescents…
Autre point intéressant, les intermèdes momentanés où un personnage s’adresse au public pour expliquer un élément historique ou social susceptible d’éclairer les spectateurs et les amener à réfléchir et à mieux comprendre ce qui se passe.
« Je suis méchant », déclare le père des jumeaux Shekespeare, alors qu’il implore sa fille de se taire et d’arrêter de s’exprimer si ouvertement à table… « À l’époque, les filles étaient la propriété de leur père, puis, de leur mari », continue-t-il. « Je pourrais même avoir le droit de la battre, mais ce ne serait pas gentil », termine-t-il en cabotinant un peu pour faire rire les spectateurs…
Pour terminer, j’ai adoré que l’un des comédiens joue le rôle de la mère, une femme (enceinte, de surcroît) afin de visualiser le théâtre d’autrefois; au temps de Shekespeare, les hommes jouaient le rôle des personnages féminins, puisque les filles n’avaient pas le droit de monter sur scène.
Bref, « Je suis William » nous secoue, nous fait réfléchir au rôle des femmes aujourd’hui, mais aussi à celui des hommes. La pièce se termine d’ailleurs par un dynamique appel à l’action où l’on demande au public de prendre position et de changer les choses…
Je vous souhaite un excellent moment de théâtre avec vos jeunes!
Note : J’ai bénéficié d’une invitation médias à la Maison Théâtre, mais je ne présente que mes coups de cœur sur Un Autre Blogue de Maman. Il est aussi à noter que les répliques des personnages citées dans cet article peuvent ne pas être totalement exactes. J’ai simplement souhaité transmettre l’essentiel du propos. Crédit photo : Maison Théâtre.
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