Par Josée Godbout de Drive Leadership and coaching
Il est 8 h 30 du matin. Je suis levée depuis 5 h 50. Et je m’installe pour déjeuner et amorcer ma journée. Je suis travailleur autonome, j’organise donc mon horaire comme je le veux en fonction des rencontres déjà prévues, mais pourtant, j’ai parfois l’impression que ce n’est pas tout à fait moi qui organise mon horaire…
Assise devant mon petit déjeuner vraiment super santé (que j’ai préparé avec amour à moi de moi), avec à mes côtés ma liste de points à aborder, je lutte contre le sentiment de culpabilité qui tente de m’envahir.
Mon petit rituel du matin, qui pourtant devrait me prendre environ 60 minutes, m’en a pris plus de 120. Et je ne comprends pas.
Oui j’ai pris un peu plus de temps pour me faire un jus frais avec des ingrédients qui m’aident à booster mon système immunitaire.
Oui j’ai écrit un peu plus longtemps au lit (10 minutes au lieu de 5 minutes).
Oui j’ai pris le temps de mettre une crème pour la peau qui me fait super du bien, surtout avec le temps qui se rafraîchit et le chauffage dans la maison qui est reparti.
Oui j’ai pris le temps de sortir faire mon jogging (10 minutes!)
Oui j’ai pris le temps de nourrir les oiseaux et de jaser un peu avec eux (2 minutes!)
Mathématiquement, tout ça entre dans un cadre plus serré. Pourtant plusieurs matins, j’ai l’impression de me battre contre ce temps qui file à une vitesse folle et que je finis par voir s’envoler à regret.
Certains matins, comme ce matin, j’ai à me parler pour me dire que c’est O.k. et que ma valeur n’est pas uniquement basée sur ma capacité à bien gérer le temps. Mais il me semble qu’on m’a tellement reproché ma capacité à composer avec le défi qu’est la gestion de temps que ma valeur y semble intimement liée, à mon grand regret.
J’ai lu des tonnes de livres, écouté des tonnes d’audio, participé à des groupes de soutien, fait des thérapies, écrit à ce sujet, changé mon alimentation, ajouté du sport, de la méditation, du focusing, du centering, pris des produits naturels, travaillé avec des coachs, adopté des démarches pour faire la paix avec ces parties de moi qui perdent le focus. Ces parties qui m’amènent à me perdre dans mes pensées, à oublier des choses, des gens. Ces parties de moi qui semblent manquer de constance et de rigueur quand je me compare aux autres.
Et pourtant, malgré toutes ces démarches, je me retrouve de nouveau ce matin avec la déception de ne pas avoir commencé à l’heure prévue. Comme si j’avais manqué un rendez-vous avec moi-même. Comme si je m’étais manqué de respect.
Après toutes ces années et tous ces efforts, ça me fait encore sentir de moindre valeur et différente des autres. Comme si j’avais reçu un mauvais sort…
Pourquoi moi et pas les autres?
Je sais que cette petite voix n’a pas raison. Je sais toutefois que j’ai à écouter cette petite voix qui trouve ça difficile de fonctionner dans un système fixe et régulé. Parce que pour elle, c’est un peu contre sa nature propre, contre sa liberté.
Si vous saviez combien de fois par semaine, ou par jour, je ne me sens pas à la hauteur, différente et imparfaite.
Combien je me sens parfois inadéquate, coupable de ne pas avoir donné suite à une conversation, une demande, des échanges de courriels, un appel.
Pas parce que je ne veux pas, pas parce que je suis mal organisée (ok, parfois c’est ça), mais simplement parce que mon cerveau est parti ailleurs.
Parce qu’il a été happé par autre chose.
Pas parce que les premières choses ne sont pas importantes, mais parce que les suivantes le sont aussi. Je perds le focus, je vaque à d’autres occupations, et finalement, je reviens.
Si vous saviez combien de gens ont fini par le prendre personnel, à se demander si j’étais sérieuse, professionnelle, présente, réellement amoureuse, fiable… ce dernier mot, le plus cruel de tous… fiable. De parole.
Pour plusieurs, les mots « fiabilité » et « de parole » sont synonymes de rigueur et de constance.
Donc en l’absence d’une certaine constance, du moins comparativement à la constance dont la majorité des gens font preuve, on peut tirer la conclusion que « pas fiable » équivaut à « pas de parole ».
Pourtant, si c’est écrit, je finis par y revenir, mais pas toujours dans le délai entendu ou attendu.
J’ai eu un diagnostic de TDA avec hyperactivité à 28 ans. J’en ai 48.
Je navigue avec cet état depuis toujours. Mais je le sais officiellement uniquement depuis 20 ans. J’ai choisi de ne pas prendre de médication. Par choix conscient. J’ai choisi d’adresser cet état par un changement (drastique à l’époque), de mon alimentation, de mes habitudes de vie. Et j’ai vu des changements et des résultats spectaculaires. Je suis somme toute très fière d’où j’en suis, de ma carrière, de l’entreprise et des services que j’ai réussi à mettre sur pied. Je me considère chanceuse de vivre la vie que je vis, de pouvoir accompagner autant de gens dans leur propre recherche de mieux-être. Je suis la plupart du temps dans la gratitude. Et je vis ma vie comme un voyage! Sincèrement, imparfaitement!
Et en même temps, cohabite en moi une partie qui aura toujours besoin d’être bercée, une partie dont je dois prendre grand soin. Je dois la rassurer.
Même si elle est différente des autres.
Même si pour elle il semble injuste de devoir mettre plus d’efforts que les autres pour arriver au même résultat.
Même si certaines personnes la jugeront encore…
elle est belle, forte, courageuse et digne d’être aimée, écoutée, et amener à contribuer.
Je vous lance donc l’invitation de prendre soin de cette partie de vous qui aurait peut-être aussi besoin d’être entendue, cajolée, rassurée.
Et je vous invite aussi à ne pas condamner trop vite les personnes autour de vous qui pourraient vous sembler négligentes. Parfois, elles n’ont besoin que d’un petit coup de main, d’une écoute et d’un rappel de leur valeur pour retrouver leur axe, et continuer à contribuer.
Un appel à l’indulgence. Pour le TDA quoi, et tous les autres genres de différence!
Vous avez des questions? Ou besoin de références pour une situation similaire?
Ne vous gênez pas!
Avec tendresse et compassion,
Josée
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Ha Ha Ha chère Lynne!!! Je t’adore!!! J’accueille ton super commentaire avec un grand sourire aux lèvres! Tout un mandat que d’ÊTRE pleinement SOI! Passer de la transformation, qui demande un effort conscient et de la volonté, à la transmutation, qui implique plus la foi et le lâcher prise, c’est un engagement auquel mon coeur et mon âme se sont engagés. Un pas à la fois. En toute humilité. En observant les exigences, les limites, les lubies de l’esprit, la lucidité parfois présente et parfois vacillante. Merci de ce beau rappel de notre divinité dans notre humanité!!! ;o) Namasté.
Mon amie,
Ce que je lis dans ce très beau texte, c’est une « super woman » qui ne se trouve pas encore ASSEZ! Permets-moi de te dire ma belle, créative et généreuse Josée, comme plusieurs d’entre nous, tu es juste TROP exigeante envers toi-même. Je t’assure qu’avec l’âge et un peu de lâcher-prise, cette exigence peut dé-serrer les crocs.
Si je n’avais pas une identité solide et assumée, je me remettrais totalement en question en lisant tout ce que tu fais, réalises
et accomplis avec une qualité de conscience louable.
J’ai envie de te dire que ta valeur est dans ce que tu ES simplement, au-delà de TOUT ce que tu fais. Tu le sais mais des fois c’est important de l’entendre (ou le lire) à l’extérieur de nous-même.