À toi, l’enfant qui a cessé de croire au Père Noël durant les vacances, c’est pour toi que j’écris cette lettre aujourd’hui.
Peut-être est-ce un ami qui t’a appris la nouvelle? Ou un plus grand, ou peut-être as-tu simplement remarqué que quelque chose clochait quand le fameux personnage tout de rouge vêtu est entré chez ta mamie, cette année, pour faire sa distribution de cadeaux au réveillon… Au lieu du bon vieux Père Noël au regard bienveillant, tu n’as vu qu’un ami de la famille, un parent ou un adulte quelconque qui avait trop chaud sous son épais costume de feutre qui t’a semblé un peu moins impressionnant, un peu plus défraîchi que dans ton souvenir…
Au fond, il y avait une partie de toi qui commençait peu à peu à sentir cette magie t’échapper, par la force du temps, la force des choses.
Et ça, ça t’a rendu triste.
Tu es peut-être aussi aller vérifier avec tes parents, si c’était bien vrai, si tu avais raison de douter. Tu les as implorés pour qu’ils te disent la vérité, une fois pour toutes : « Alors, est-ce vrai ou non? ».
Par la suite, tu as peut-être joué les durs et affirmé que ça ne te dérangeait pas, que, de toutes façons, cela faisait longtemps que tu ne croyais plus à ces affaires-là de bébé. Que tu jouais le jeu par pure politesse, par simple délicatesse.
Peut-être as-tu versé quelques larmes sur ton oreiller, le soir venu, alors que la maison était enfin silencieuse et que tu pouvais maintenant laisser parler la petite voix qui avait de la peine, là, dans un petit coin de ton cœur qui aurait voulu que ça dure toujours…
Alors à toi, j’ai envie de te dire ceci. Et je suis certaine que tes parents seraient d’accord avec moi :
Oui, c’est vrai. Le Père Noël, les rennes, le traîneau qui vole à travers les cieux en l’espace d’une nuit, les lutins qui fabriquent patiemment les plus beaux jouets du monde avec leurs doigts menus, dans un atelier comme tu n’en as jamais vu, bien, ça n’existe pas.
Mais, ce que je peux te dire, c’est que l’amour que tes parents te porte, ça existe et ça existera toujours. Ils t’aiment tellement qu’ils ont voulu t’offrir une enfance empreinte de magie et de trucs qui brillent.
Ils ont voulu te montrer que tu valais la peine qu’ils se donnent tant de mal pour élaborer des scénarios de biscuits et de verre de lait, de porte menant au Pôle Nord, de cadeau laissé dans la neige… Ils auraient très bien pu ne rien faire de tout cela, mais Noël n’aurait pas eu la même saveur.
Oui, c’est vrai; tu as le droit d’être un peu fâché qu’ils t’aient mené en bateau de la sorte. Après tout, ne t’ont-ils pas appris qu’il fallait dire la vérité?
Sauf que… Ils t’ont laissé tout un héritage en cadeau! La magie du Père Noël, c’est bien plus qu’une histoire d’enfants sages et de jouets sous un sapin!
C’est une histoire d’amour de soi, mais aussi des autres. À travers tout ça, tes parents t’ont transmis le plus important des messages : tu es quelqu’un d’important. Tu es unique. Tellement unique, qu’un vieux bonhomme barbu qui vivait à des kilomètres de chez toi prenait le temps de répondre à ta lettre, t’appelait par ton prénom, connaissait tes goûts, tes petites habitudes et célébrait tes bons coups. C’est le temps d’intégrer tout ça, de le porter en toi et de ne jamais douter : tu es assez. Tu ne dois pas laisser les autres ou même toi-même te faire croire que tu vaux moins que cela. Tu es spécial. Tu dois apprendre à cultiver tes rêves. Crois en toi, toujours.
Tu as aussi le droit de t’offrir de la douceur dans la vie. Même quand tu seras grand! Il arrivera peut-être que ta journée ne se passe pas aussi bien que tu l’avais souhaité. Tu seras parfois fatigué, parfois dépassé. Tu auras peut-être envie de tout envoyer valser tellement tes pensées seront envahies par le gris. Peut-être te sentiras-tu rejeté par un ami? Peut-être perdras-tu un amoureux, une amoureuse et tu auras alors l’impression que plus rien n’as de sens autour de toi?
À ce moment-là, tu devras t’aimer assez pour mettre de la fantaisie dans ta vie ( tu en vaux la peine, n’oublie pas!). Tu appelleras un ami pour aller manger une crème glacée. Tu écouteras en boucle des films qui font rire. Tu t’achèteras peut-être des fleurs pour égayer ta journée triste d’un peu de couleurs dans ton appartement. Tu mettras ta chanson préférée et tu danseras tout seul dans ton salon. Tu te feras couler un bain plein de mousse et tu liras un bon livre en mangeant du chocolat…
Je sais que mes propos te semblent bizarres à l’heure actuelle : tu es à la fois si petit et si grand en même temps… Mais, quand tu auras 18, 25 ou même 35 ans, peut-être cette lettre te fera-t-elle sourire?
Et peut-être iras-tu te préparer une tasse de chocolat chaud, avec des guimauves, de la crème fouettée et des p’tits bonbons dessus, comme celui que tu réservais pour le Père Noël, le 24 décembre, et que ta mère engloutissait sans faire de bruit, une fois que tu dormais…
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C’est une période triste de ma vie quand mon aîné a appris que le Père Noël n’existait pas. Il m’a dit que c’était sa professeure de 2ème année qui leur a dit. J’étais fâchée qu’elle ait pris cette initiative mais bon, il l’aurait su de toute façon à un moment donné. Il était un peu triste mais je lui ai dit que le Père Noël va toujours exister dans nos cœurs même quand il sera grand.
Pascale, BRAVO POUR TON TEXTE. TRÈS TOUCHANT.
J’ai beaucoup aimé ce texte. Tellement bienveillant envers les enfants.
J’appréhende le moment où mon plus vieux fils va atteindre cette étape. J’ai commencé à y réfléchir. J’espère pouvoir lui faire comprendre que le père Noël, c’est tout simplement le symbole de la générosité et de la bonté qui se trouve dans le coeur de chacun de nous. Que tant qu’il va y croire et la propager, le père Noël vivra en lui comme il vit en son père et moi…
Comme c’est bien dit, Odrey! J’aime tellement l’idée que le personnage vive en nous, que les valeurs dont il est porteur sont l’essence à conserver et à faire grandir…
On ne devez jamais perdre l’esprit d’enfance!
Oui, c’est ce qui nous tient en vie!
C’est un des souvenirs tristes de ma vie, le jour où mon fils, en première année du primaire, est revenu de l école en me disant : Maman je veux que tu me dises la vérité, le Père Noël existe-t-il vraiment ? J’ai tergiversé … lui demandant pourquoi il me demandait ça. Mes amis à l école l’ont dit répondit-il.Il y a tellement cru au Père Noël ! Voyant son sérieux, sa capacité de faire des liens et son besoin de vérité, je me suis résolue à lui dire que non. J avais mal à son enfance, mais je sentais qu’il comprendrait et garderait dans son cœur son beau rêve qui a bercé son enfance. Et qu’il le ferait vivre à son tour à ses enfants.
Parfois, les enfants vivent ce genre d’événements avec beaucoup plus d’intensité que l’on croit… Rester à l’écoute est certes une belle façon de les accompagner dans de telles transitions importantes pour eux…
Un autre souvenir m est revenu en jasant de ce billet avec ma soeur qui a aussi vécu ce dilemme avec son fils aîné : je lui dis la vérité ou non ? Une fois le choc émotif encaissé, nos fils aînés sont d’eux-mêmes devenus nos complices pour protéger à leur tour le rêve de leur frère ou sœur plus jeune en embarquant avec nous dans la légende du Père Noël, des lutins, de la Fée des étoiles … pour leur plus grand bonheur !
C’est une belle façon de vivre la transition : ils deviennent grands et découvrent le bonheur de faire plaisir aux autres!