Je veux un corps-courage…

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Je fais du sport.

Oui, comme bien du monde. Comme bien des filles, comme bien des femmes. La mise en forme n’a plus de secrets pour nous et on sait toutes qu’il faut prendre soin de son corps comme de tout le reste. Et quand je dis « prendre soin de son corps »,  je ne veux pas dire d’éviter de « se négliger », de scrapper son potentiel de séduction (sacrilège!) en omettant de lisser, lustrer, sculpter cette partie de nous-même que l’on présente à l’Autre. Non.

Je parle simplement du donner à son corps sa dose de mouvements nécessaire. Je parle de la santé, on est d’accord.

Pourquoi on nous vend des sessions d’entrainement avec, comme argument massue, la perte de poids?  Parce c’est ce qu’on veut vraiment? Parce que c’est ce que le client demande? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non…

Sauf que, me semble qu’on le sait déjà, ça non? On sait toutes que se bouger le popotin va nous faire dépenser des calories! On sait toutes que tel mouvement fera fondre notre culotte de cheval et tel autre, notre mou de bras!

Lorsque j’ai débuté ce blogue, je vous avais dit que « mes propos seraient toujours honnêtes… ».

Alors voilà. Je vais essayer d’être honnête.

J’ai déjà fait du sport en ayant en tête que le body touttedécoupé-toutte-ramassé-par-en-dedans, c’était LE but à atteindre. Tous les autres bienfaits de mon entraînement intensif (plus d’énergie, moins de stress, plus de facilité à dormir…) bien, j’en étais consciente, j’étais heureuse de me les offrir, mais… Je m’appuyais dessus pour justifier mon « amour » de la course, du sport! Ouin, ouin, ouin… Me semble.

Mais il n’aurait pas fallu que l’effet no. 1 (le body toutte découpé) s’en aille trop loin, par exemple! Parce que, tsé, faudrait pas faire tout ça pour « rien »! Faudrait surtout pas négliger le gain ultime de se rapprocher du cheval blanc luminescent, de son saint graal, celui de posséder un corps pas-pire-proche des standards de beauté qui tapissent notre champ de vision partout où l’on va!

À ce moment-là, j’aurais aimé avoir la sagesse, la force de dire que cet argument-là, bien, il ne sert pas à grand chose, à part nous faire angoisser pour rien. À nous faire perdre de précieuses minutes de notre existence à nous regarder le nombril (ou le derrière)!

Est-ce que je serai capable de faire voir ça à ma fille? Est-ce que ce sera possible de lui transmettre cette sagesse-là (alors que je ne la maîtrise même pas encore moi-même) dès que l’adolescence prendra possession de son corps d’enfant? I hope so

D’autant plus que maintenant, plusieurs recherches stipulent qu’il n’y aurait pas de lien de causalité entre le fait de faire du sport et celui de perdre du poids (han!?)…

Je suis un peu déconnectée? Je me voile la face, je joue à l’autruche aveugle et sourde (aye, ça va mal!)? Ben non. Maintenant aussi, je fais du sport pour préserver mon restant de potentiel de beauté standardisé. Mais j’essaie fort que ça ne soit pas la première raison pour laquelle je me pousse hors de ma voiture de banlieusarde quand je trouve un trou, par-ci, par-là, durant ma semaine, pour « prendre soin de moi »…

J’aimerais simplement qu’on se lâche un peu avec ça! Qu’on enlève le focus de là-dessus et qu’on voit le sport comme quelque chose qui nous fait du bien. Comme une sorte de besoin essentiel pareil à manger, boire, dormir, se faire prendre dans les bras de quelqu’un, se faire dire je t’aime au moins une fois par semaine…

Eh puis, cette vision malsaine du sport, ça crée de drôles d’images, des associations bizarres entre les concepts de minceur, de santé puis de performance…

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Je me souviens de m’être trouvée toutoune après mon accouchement… Et j’hésitais à reprendre l’entrainement parce que je me disais : « Bof… À quoi bon? »

À QUOI BON???

Laissez-moi vous dire que je me suis parlé entre quatre yeux, puis j’ai tout fait pour que des idées niaiseuses comme ça sortent de mon cerveau dérangé parce qu’un peu beaucoup influencé par les médias, les autres filles, certains gars et aussi, par ma propre peur d’être, disons, inadéquate?

Pourtant, le petit mou des autres filles, leurs rondeurs, leur muffin top, leurs vergetures, leurs cicatrices de battantes pleines de force et de vie, je les voyais autrement. Je prônais la diversité des corps, j’y voyais beaucoup de beauté. J’y croyais. Sincèrement. Et j’y crois toujours.

Sauf que je n’arrivais pas à être totalement bien dans ma peau à ce moment-là… Je n’arrivais pas à « m’assumer ».

Ça m’a pris du temps, mais maintenant, j’envisage une deuxième grossesse (toujours virtuelle pour le moment) avec beaucoup plus de sérénité.

Parce que le temps a fait son œuvre. Oui, c’est vrai, mes rondeurs post-grossesse se sont aplanies tranquillement (regarde l’autre pas crédible qui parle!), mais ce n’est pas pour ça que je dis ça…

C’est simplement parce que j’ai vu mon corps changer, jouer aux montagnes russes. J’ai gagné des morceaux pis j’en ai perdu d’autres (je suis assez tannée de ma grosse poitrine, moi là (ironie ici présente…)!). Ouin… et puis après?

Qu’est-ce que ça change?

J’ai un corps en santé. Un corps fort, capable de se relever ET de relever ses enfants quand ils tombent, quand ils se font mal. J’ai un corps capable d’aimer, consoler, apaiser.  Alors pourquoi je n’en serais pas (un petit peu) fière. Pourquoi je ne voudrais pas en « prendre soin »?

Pourquoi je ne prendrais pas le temps, là, tout de suite, de lui rendre hommage. Pas par suffisance, mais bien par indulgence. Ça ferait changement, pour une fois…

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Alors voilà.

Hommage à mon corps…

Mon corps capable de prendre ses enfants tout contre lui.

Mon corps capable de consoler des peines, de réchauffer des p’tits pieds gelés.

Mon corps capable de transporter trente mille onze sacs d’épicerie en même temps que son petit.

Mon corps capable de fonctionner avec option mal-de tête-mal-de-cœur-mal-de toutte.

Capable de sourire, de faire des casse-tête, de dessiner ou d’inventer des jeux sans fin par temps- de pluie-gris-souris, même s’il a mal dormi.

Capable de nager dans l’eau, de se faire caresser par le soleil chaud et oui, encore capable de porter un maillot!

Mon corps capable de soigner un rhume en chantant une chanson qui parle de bonbons; une égratignure, en appliquant une crème magique qui sent bon; une gastro, en frottant doucement un petit bedon…

Mon corps encore capable de caresser des cheveux d’homme, de serrer contre lui une charpente tout en angles, plus grande et qui rassure, mais qui a aussi besoin d’être rassurée.

Hommage à mon corps. Un corps capable de soulever des montagnes, même fatiguée-mort. Un corps de femme. Un corps de femme château-fort. Un corps qui en a vu d’autres.

Alors à la question :  « Pourquoi le sport? » J’aurais envie de répondre ceci :

Parce que je veux encore être capable de courir derrière mes enfants. Parce que je veux profiter de chaque journée avec cette urgence de vivre qui les animent, eux. Parce que je veux les suivre longtemps dans leurs jeux sans être obligée de leur dire : « Arrêtez, maman est essoufflée, maman est trop fatiguée… »

Parce que je n’ai plus le luxe de le laisser s’abimer avec les années. Je suis devenue gardienne de cité, je joue le rôle du « Veilleux » la nuit, les yeux à demi fermés.

Je dois me forger un corps-pilier, un corps-espoir, un corps qui donne sans nécessairement s’attendre à recevoir… Et aussi (et surtout) parce qu’il faut que je sois capable de m’aimer assez pour le mériter.

Je n’ai que faire d’un corps-image, d’un corps-nuage, d’un corps-mirage.

Je veux un corps-courage, un corps-ancrage…

À LIRE, pour aller plus loin :

Pressées dans le temps pour vous entraîner? On choisit l’approche par intervalles!

Pour savoir si on en fait trop, un article sur la dépendance au sport sur Psychologies ou un autre sur le blogue de l’ANEB.

Je vous invite à lire également sur l’entraînement après la grossesse, un article signé Cardio Plein Air Sherbrooke.

 

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Pascale Clavel

Une réflexion sur “Je veux un corps-courage…

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