La santé mentale fait les manchettes; les besoins sont criants. Autant chez les adultes que chez les adolescents. Et lorsqu’il y a blessure intérieure, c’est toute la famille qui en pâtit… Maman a une dépression, papa fait de l’anxiété, ma sœur a un trouble alimentaire… Et si on commençait très tôt à briser les tabous et à parler de santé mentale comme on parlerait du bien-être physique? Faire du sport, manger de tout, se coucher tôt… Les enfants connaissent bien la chanson. Mais qu’en est-il de ce qu’il faut faire pour être bien « dans son cœur » et dans sa tête?
Je vous présente ici trois livres s’adressant aux petits, mais aussi aux adolescents. Une collaboration avec la Biblairie GGC! Pour vous procurer ces titres, il suffit de cliquer sur les images.
Le vide, Anna Lienas, Éditions les 400 coups, classé 3-5 ans
Il est très difficile de déterminer le public cible de cet album merveilleux et touchant. Julia, une fillette comme les autres, vit dans son village, paisible et sereine. Mais un jour, son petit monde s’écroule.
Les illustrations (fort originales, car faites de carton et de croquis un peu brouillon) proposent un déménagement. Hors, pour un enfant, ce type de déracinement peut en effet créer une grande tristesse. Toutes les émotions sont légitimes et j’ai maintenant la certitude que de parler de celles qui sont moins agréables avec nos cocos est aussi nécessaire afin de bien les outiller.
Pour la suite de la petite histoire, Julia ressent un énorme vide à l’intérieur d’elle-même, vide qui est représenté par un trou béant sur son ventre. Elle tentera de trouver un bouchon pour combler ce trou. C’est là que l’album prend tout son sens, car les bouchons qu’elle trouve prennent diverses formes et on peut amorcer de belles discussions avec nos enfants. Il s’agit en fait de toutes les sortes de dépendances. Ces dépendances sont illustrées et non nommées explicitement, de sorte que l’on peut simplement laisser l’enfant nommer ce qu’il est capable d’identifier sans insister s’il n’est pas prêt à en parler…
Voici ce que mes yeux « d’adulte » ont su identifier dans ces dépendances pour neutraliser nos émotions négatives et combler un vide intérieur (souvent associé à la dépression, mais pas nécessairement) :
- la dépendance à la nourriture
- la cyberdépendance
- la dépendance affective (amer l’amour, aimer « être aimé »)
- la dépendance à l’alcool
- les achats compulsifs
- etc.
Oui, je sais, votre cœur de parent se serre peut-être en ce moment, mais chaque enfant interprète ces dessins comme il l’entend et selon ce qu’il est à même de comprendre. 😉
L’histoire se termine très bien, puisque qu’une voix intérieure propose à la petite Julia de puiser à l’intérieur d’elle-même pour trouver une solution. À lire : le bonheur est en nous et il suffit d’être à l’écoute. Nous sommes tous porteurs de passions, de talents et de savoirs précieux. Ce feu intérieur est illustré dans l’album par des couleurs magnifiques, des chants, des fleurs aux coloris chatoyants… En faire bénéficier les autres et entrer en communication avec eux pour connaître ce qu’ils ont eux aussi à transmettre, c’est le plus beau des cadeaux.
Savoir bien s’entourer, n’est-ce pas ce que tout bon psychologue recommande? Un livre qui parle du sens que l’on donne à sa vie et l’emprise que nous avons sur nous-mêmes pour y arriver. Rien de moins que grandiose.
Astuces d’enseignante :
- Avec des sujets plus délicats, j’essaie le plus possible de respecter le rythme et la maturité émotionnelle de l’enfant que j’ai en face de moi. Que souhaite-t-il vraiment entendre? Qu’est-ce qui va vraiment l’aider? A-t-il une question précise? Est-il curieux? Si la réponse est non, je préfère garder le silence et attendre que ça vienne de lui.
- Une belle façon de voir à quel niveau notre enfant se situe, c’est de procéder en lui « retournant la question » posée. Par exemple, si notre coco nous demande ce que les comprimés et le pansement représentent dans les types de dépendance illustrées dans « Le vide », on peut simplement lui dire : « Qu’en penses-tu, toi? » Si notre mini nous répond tout bonnement : « Ce sont des vitamines pour devenir grands et forts! », on peut lui dire que ce sont en effet des cachets qui produisent un effet sur celui qui en prend, comme par exemple, devenir grand et fort. Ce n’est pas faux, mais ce n’est pas exact non plus. Peut-être que parler de dépendance aux médicaments ou aux drogues « dures » à un enfant de 5 ans n’est pas encore nécessaire? Si notre coco a 11 ou 12 ans et qu’on lui retourne la question, notre réponse risque d’être différente! 🙂
J’ai mal et pourtant, ça ne se voit pas, Lucile de Pesloüan, Geneviève Darling, Éditions de l’Isatis (classé adolescents)
Ce roman graphique peut autant convenir aux adolescents qu’aux adultes. Il s’agit d’une série de témoignages accompagnés d’illustrations porteuses d’une très forte symbolique. L’effet est parfois saisissant et on comprend mieux les visages que peuvent prendre la maladie mentale. Quand on parle de cette forme de souffrance, on a l’impression que ça n’arrive qu’aux autres et que la maladie doit sauter aux yeux pour être prise au sérieux (comme dans le cas de la schizophrénie, par exemple). Mais la maladie mentale, c’est beaucoup plus subtil que l’on croit et ceux qui en souffrent prennent parfois un certain temps à s’en rendre compte. Ce sont souvent des proches qui lèvent un drapeau en premier…
Ce livre permettra à beaucoup de gens de se sentir moins seuls avec leurs défis liés à la maladie mentale. Il permet de briser les tabous, mais aussi de faire en sorte que la maladie mentale cesse peu à peu d’être marginalisée.
Les témoignages (fictifs?) ne sont pas tous accompagnés d’un diagnostic précis. Une démarche volontaire qui vise à enrayer toute forme d’étiquette? Une façon de dire que la maladie n’est pas ce qui doit définir entièrement la personne qui en est atteinte? Nous ne sommes pas un trouble, un syndrome, mais bien des êtres humains avant tout? J’aime à penser que oui…
Voici un passage qui m’a profondément touchée :
« J’ai d’excellents résultats en cours. J’ai plein d’amis. Je fais du sport quatre fois par semaine. Mais, franchement, je suis épuisé. C’est comme si mon cœur avait vécu des siècles et des siècles. Pourtant, je continue. Je dois être le meilleur. Pourquoi? Pour avoir les meilleures notes. Pourquoi? Pour être accepté dans les grandes écoles. Pourquoi? Pour gagner le maximum d’argent plus tard… Mais j’en ferai quoi de cet argent si je suis toujours fatigué?
Charlie »
Ton petit look II, Les filles sont-elles folles, Carolane et Josiane Stratis, Éditions Cardinal
Les fondatrices de TPL Moms ne nous déçoivent pas lorsqu’elles se consacrent à la création d’un livre! J’ai été touchée, émue, remuée à la lecture de cette deuxième oeuvre des « jumelles de la mode » qui se présente sous forme d’entrevues intimes partagées avec une étonnante simplicité. Le climat est à la confidence. Les auteures, tout comme les personnes interviewées, se révèlent sans compromis dans le but d’aider et de toucher tous ceux et celles qui souffrent d’une maladie mentale.
À qui s’adresse ce livre? Hummm… Je dirais aux jeunes adultes. Ou à ceux qui côtoient de près ou de loin la maladie mentale. Les principaux intéressés, les frères, les sœurs, les parents, les amis…
Il y a des passages qui marquent plus que d’autres, qui étonnent aussi. Parler de jalousie au féminin dans un livre sur la santé mentale? Pourquoi pas… Le spectre est vaste. Prenez un temps de pause entre chaque passage si nécessaire. Respectez vos limites, vos ressentis, vos « flash back » afin de mieux avancer.
Savoir reconnaître ses émotions et les démêler n’est pas facile, même pour les adultes… Pourtant, cette capacité d’introspection se veut tellement d’une grande aide tout au long de notre vie… C’est pourquoi je vous laisse avec une vidéo présentant plusieurs superbes livres sur le sujet, en plus d’être un excellent prélude à la Saint-Valentin qui s’en vient! 🙂
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