Les parents n’ont pas besoin de jouer aux G.O. pour être de « bons parents ».

Nous voilà tous (ou presque) à la maison avec nos enfants pour une durée indéterminée. Je dis indéterminée, car on ne sait pas trop ce qu’il va advenir de nous après ces deux semaines de ralentissement imposé ET nécessaire.

Et maintenant que la fin de semaine est terminée, c’est peut-être là que nous rencontrerons des défis pour animer nos troupes et vivre en toute simplicité… Cela me fait sourire, car c’est comme si nous avions perdu l’habitude d’être tranquilles à la maison avec nos propres loulous! De mon côté, ça ne change pas tellement ma perception de la vie de famille, si ce n’est d’une certaine réorganisation des mandats qui étaient déjà en branle; je devrai faire preuve d’ingéniosité pour arriver à travailler un peu, mais ça devrait être faisable. Inutile de vous dire qu’il y aura un certain ralentissement et honnêtement, je le vois comme une occasion de se créer de bons moments.

On n’arrête pas de dire que la vie va trop vite; prenons cette pause comme l’occasion de resserrer nos liens avec nos cocos sans se prendre la tête…

Car oui, je vois les parents se tourner vers les influenceurs pour des suggestions d’activités, des idées pour chasser l’ennui et c’est tout à fait correct… Mais, car il y a un mais, j’ai envie de vous dire que j’ai fait un gros travail récemment afin de changer mes façons d’agir avec mes enfants ainsi que la dynamique familiale au grand complet. C’est quelque chose qui a fait son chemin assez naturellement, car je voyais bien que j’étais parfois épuisée inutilement et pas toujours satisfaite des interventions que je faisais avec mes enfants.

J’avais envie de plus de plaisir, plus de doux, mais surtout moins de gestion, de fatigue et d’impatience.

Je vous réservais cet article pour plus tard, mais je crois que cela pourrait alimenter votre réflexion pour les deux prochaines semaines.

Je poursuis donc. Or, on a tous envie d’être de bons parents et l’on croit souvent à tort que notre rôle consiste à animer nos enfants à la manière de profs ou d’éducateurs vraiment géniaux afin qu’ils passent de belles journées. Eh bien laissez-moi vous dire que leur journée sera tout aussi belle, sinon plus, si nous intervenons moins dans leurs jeux. Cela ne veut pas dire de ne pas passer de bons moments avec eux et de mener notre petite vie d’adulte bien égoïstement en parallèle. Puisque avant même de faire en sorte que nos enfants mangent suffisamment de fruits et de légumes ou qu’ils connaissent leur alphabet par cœur, ce qu’il faut d’abord travailler, c’est « l’être ensemble ». Certains appellent ça le lien d’attachement, mais j’aime bien l’idée qu’avant de se tourner vers les apprentissages et de tout médicaliser, il faut simplement que nos petits chats se sentent bien à la maison et qu’ils aient confiance en nous, puis en eux…

Mais qu’en est-il de notre horaire, de la liste de ce qui est bien à faire ou non avec eux? Faut-il prévoir à l’avance, mettre un peu de ci, moins de ça… Eh bien paraît-il qu’il faut privilégier l’ennui pour que la créativité s’installe et que commence le « vrai jeu »! Bien sûr, tout ceci s’appuie sur certaines études, mais sachez aussi que ce sont mes valeurs personnelles.

Voici donc nos plus récents et grands principes éducatifs qui guident nos actions à la maison. Et pour ne pas penser que je m’auto-proclâme autrice de ces derniers, je me suis basée sur le livre  « La simplicité familiale » de Denaye Barahona, docteure en développement de l’enfant, mais sachez que d’autres ont aussi écrit sur le sujet. Je vous propose celui-ci, car il vulgarise très bien les lignes directrices pour une vie en famille moins stressante!

1- Épurer l’environnement dans la maison.

Bien oui, Marie Kondo, ce n’est pas que des niaiseries. 😉 On passe trop de temps à ranger et à déplacer des objets dans la maison et on s’entend que des pièces encombrées et en bordel, ce n’est pas ce qu’il y a de plus zen et de plus fonctionnel. Et surtout, ce n’est pas pratique pour que les enfants puissent ranger de manière autonome après leurs moments de jeu… Donc, si vous ne savez pas par où commencer cette semaine, voici une piste à considérer. On l’a fait avec les enfants, une pièce à la fois, et ils ont adoré participer! On donne, on recycle, on range ce qui ne sert pas tous les jours et, malheureusement… on jette parfois… Et surtout, on évite d’acheter impulsivement ce dont on n’a pas besoin et qui se retrouvera dans un site d’enfouissement trop rapidement…

2. Faire de la nature notre alliée numéro 1.

Non, je ne me casse plus la tête. Quand la tension monte dans la maison, on va jouer dehors! Des fois, mes enfants y vont seuls et parfois, je les accompagne. Et, si vous avez remarqué, les enfants n’ont pas besoin d’être « gérés » dehors, ou très peu. Surtout si vous avez un boisée à proximité. Mais attention, si vous vous baladez avec eux, la clé, c’est de suivre leur rythme. On fera notre cardio plus tard! 😉 Les cocos veulent jouer dans une flaque d’eau avec un bâton? On les laisse faire. Ils enlignent ou superposent de grosses pierres et des cailloux? On prend le temps d’admirer le paysage et qui sait si notre cœur d’enfant ne nous gagnera pas pour les imiter. En plus, c’est le temps de répondre à leurs questions et de faire des apprentissages improvisés. Le vent, les arc-en-ciel, les bestioles, les animaux, la pluie… Montessori privilégiait les 5 sens comme éléments-clé de l’apprentissage, alors…

Petite parenthèse : Je reviens d’un road trip dans le Maine avant que le chaos actuel soit déclenché et laissez-moi vous dire qu’on n’a même pas eu besoin de sortir les jouets sur la plage. Ils ont ramassé des coquillages, des brindilles, des feuilles. À 12 degrés, on avait la place à nous et on n’a pas eu de chicane à arbitrer.

3. impliquer les enfants en cuisine.

Une grosse source de stress pour les parents, c’est la planification des repas. Une fois le menu fait et les vivres achetés ;), qu’est-ce qu’on fait des enfants pendant la préparation? Le réflexe de plusieurs, moi y compris, c’est de les placer devant un écran. Et ce n’est pas la fin du  monde. Mais ils vont venir se plaindre qu’ils ont faim et il me semble que ça ne va jamais assez vite à leur goût. Voici ce que Denaye Barahona, l’autrice de « La simplicité familiale », nous propose : pour elle, l’heure du repas comprend aussi la préparation. Si nos loulous veulent une collation, elle nous propose de les laisser grignoter ce qui fera partie du souper. Quelle bonne idée! Des bouts de légumes coupés, des morceaux de fromage râpé…

Mais surtout, elle nous invite à les impliquer. Je le fais régulièrement avec mes enfants et ça marche, Bien sûr, il faut prévoir débuter plus tôt, mais c’est parfait pour les prochaines deux semaines, puisque nous sommes à la maison. J’essaie aussi toujours de leur demander des tâches à leur niveau. Arracher des morceaux de laitue, de chou frisé… Couper avec un couteau en bois ou un petit couteau de cuisine pour ma grande  de 7 ans. Mélanger et… goûter! Oui, ça fait plus de dégâts. Oui, ça va plus lentement, mais si vous cherchez quelque chose à faire… voilà une belle activité qui revient tous les jours. Et depuis que mes enfants participent à la préparation de leurs repas, ils mangent de plus en plus de choses et sont fiers de leurs réalisations!

Ça exerce la patience et on apprend de nouveaux mots et de nouvelles façons de faire entre frères et sœurs… De plus, si vous faites un gros meal prep le dimanche, pourquoi tout faire à grande vitesse? Au lieu de se dépêcher pour le cours de danse, d’aller au cinéma… on cuisine? 🙂

4. Laissez les enfants s’ennuyer.

Tel que mentionné précédemment, avoir un horaire d’activités trop chargé nuit à la créativité. Et la créativité, ça met la table pour plusieurs types d’apprentissages, même pour l’école. Cela ne veut pas dire qu’on n’a pas le droit de jouer à un bon jeu de société avec notre enfant ou de coller des macaronis sur une feuille de carton de temps à autre. De mon côté, j’appelle ça « nos petits projets ». Mais il n’est pas nécessaire d’en faire toute la journée. (J’en fais un par semaine ou aux deux semaines quand on va à l’école. Peut-être que j’en ferai plus cette semaine, on verra…)

Bien sûr, les enfants vont dire qu’ils ne savent pas quoi faire au début et réclameront la télé, surtout s’ils sont habitués à ce que vous les preniez en charge, mais je vous le jure, persistez durant ce premier 20 minutes, vous allez être surpris! C’est là que les boîtes de carton embarquent, que les blocs de construction deviennent des parcs d’attraction, des tours de contrôle, des arrosoirs (!?), que les cabanes de couvertures et de coussins s’érigent! Ma fille, qui a 7 ans, introduit même parfois l’écrit à ses jeux. Son frère et elle avaient fabriqué des trains avec des boîtes et ne cessaient de se chicaner. Pour bien identifier le wagon de chacun, elle a inscrit son nom et celui de son frère sur les boîtes avec des étiquettes en papier.

On se sent tellement obligés, comme parents, de participer à TOUS les jeux de nos enfants, au point où l’on disperse notre énergie, en grande partie pour leur éviter l’ennui, mais aussi pour leur sécurité que l’on croit constamment menacée… Bien souvent, le pire qui peut arriver, c’est d’avoir à soigner un genou écorché avec la chanson du « vilain bobo » et c’est tout.

J’aime aussi qu’on se donne le droit de plier une brassée de lavage ou de préparer le souper (on n’est pas obligé de toujours les impliquer non plus) alors que nos enfants jouent à côté de nous. On est présent, on leur suggère des choses si le jeu « bloque », mais on n’en fait pas partie. Du moins, pas toujours. 🙂

5. Moins intervenir lors des conflits.

Je dois avouer que je ne sais pas trop comment me positionner par rapport à cet aspect amené par l’autrice. J’ai des systèmes de renforcement positif à la maison afin d’encourager les bons coups et d’éviter les mauvais et cela implique parfois des attitudes à adopter en cas de conflit. J’utilise beaucoup la communication non violente faisant partie de la parentalité bienveillante afin d’initier mes enfants à exprimer leurs émotions et leurs besoins…

Mais c’est vrai que des fois, on intervient trop vite! Dès qu’il y a un début de petite chicane, on est déjà dans la pièce afin de jouer à l’arbitre. Et là, on s’épuise… Savez-vous ce que madame Barahona fait? Quand elle sent la soupe chaude, elle quitte la pièce et fait mine d’aller se faire un café! Elle s’assure évidemment que ses enfants sont en sécurité, mais savez-vous ce qui se passe? Bien souvent, lorsqu’elle revient, ses cocos ont trouvé une solution pour résoudre eux-mêmes leur conflit! Ce n’est pas toujours ce qu’elle aurait choisi, c’est parfois maladroit, mais le fait est qu’ils ont été autonomes et créatifs dans la recherche d’une solution. À méditer…

Alors voilà, je dois vous dire que j’ai vu une nette différence dans la maison depuis que je me laisse le droit de moins intervenir et que je fais davantage confiance à la capacité de mes enfants d’inventer eux-mêmes leurs jeux. Et c’est fou comme ils ont parfois plus de plaisir que lorsque je tente de les organiser!

Toutefois, comme je sais que plusieurs (tout comme moi) aiment aussi les activités un peu plus dirigées pour briser la routine, voici la liste de nos petits projets pour les deux semaines à venir. En vous transmettant tout mon amour en cette période d’incertitude… Profitons de ce temps en famille pour apprécier les joies de ralentir et d’être ensemble. Pourquoi pas?

Nos petits projets

  • Faire de la tire sur la neige comme à la cabane, mais dans la cour!
  • Faire de la pâte à sel.
  • Jouer au restaurant en faisant un VRAI menu (ma fille va l’écrire).
  • Imprimer des photos pour se faire un album de vacances ou un livre d’histoire.
  • Classer les livres de notre bibliothèque par thématique (les enfants vont choisir).
  • Jouer aux devinettes en famille ou à « Fais-moi un dessin »!
  • Se faire des tatouages et se mettre du vernis non toxique sur les ongles de mains et de pieds.
  • Fabriquer de la nourriture pour les oiseaux.
  • Commencer nos semis dans la maison pour notre jardin.

Astuce

Comme on aura plus de temps durant la journée, pourquoi ne pas lire des histoires après le dîner? On court souvent le soir durant la routine du dodo et on n’a pas toujours le temps d’apprécier ce moment…

Note : J’ai reçu le livre « La simplicité familiale » en cadeau de la part de l’éditeur, mais sachez que je ne présente que ce qui m’intéresse vraiment sur Un Autre Blogue de Maman.

Crédit, photo à la une : freepik

Pascale Clavel
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